mardi 25 novembre 2014

Ouverture de la saison à la Fenice

Ce jeudi, à 21h15, RAI 5 diffusera le Simon Boccanegra d'ouverture de la Fenice de Venise, avec Simone Piazzola dans le rôle titre, Francesco Meli et Maria Agresta (récents vainqueurs des Oscar della Lyrica catégorie meilleur ténor et meilleure soprano) et sous la direction du maestro Chung. 
Belle mise en scène d'Andrea de Rosa, d'après les photos mises en ligne par la Fenice.
Pour ceux qui n'ont la RAI, ce sera disponible en replay sur l'appli RAI-TV dès le lendemain. Compte-rendu de visionnage à suivre sur ce blog.

vendredi 21 novembre 2014

Soirée de gala à Rome - Simon Boccanegra de Verdi (DVD)

J'ai eu hier le plaisir de regarder la représentation de Simon Boccanegra donnée à Rome en décembre 2013, et je profite de l'occasion pour écrire ce billet, afin que tous comprennent pourquoi il est plus qu'heureux que cette maison d'opéra soit aujourd'hui sauvée.

Soirée de gala ce soir là à Rome, sous les caméras de Rai 5. Le Président de la République italienne est présent, Muti démarre en trombe par un "Fratelli d'Italia" martial, et le rideau se lève sur une production des plus traditionnelle mais esthétiquement très réussie. Plongée immédiate dans la Gênes de la Renaissance. Ne pas chercher une grande direction d'acteurs, on est dans le super classique limite planté à l'avant-scène. Mais avec Muti au pupitre, les chanteurs sont au garde à vous - regards en coin sur le chef toutes les 3 mesures - et cela laisse peu de place pour le jeu. Allons donc voir côté chant.

Commençons par le rôle titre: George Petean est un Boccanegra clair de timbre mais à la voix ronde et chaude, un peu jeune pour le rôle pour emouvoir vraiment à la dernière scène, mais bien chantant, soucieux de la ligne et des colorations. On aimerait juste un peu plus d'engagement, cela viendra sans doute avec la fréquentation du rôle.

Maria Agresta, au contraire, est une Amelia/Maria plus mûre et moins angélique que de coutume, avec des aspérités qui lui donnent du caractère. Si son "Come in quest'aura bruna" n'est pas le plus beau que j'aie entendu (réécouter Gheorghiu...), les duos avec le Doge sont émouvants et la confrontation avec Paolo dans la salle du trône pleine d'autorité. Et puis j'aime cette couleur italienne dans Verdi, question de goût.

L'Adorno de Francesco Meli, enfin. Que faire de ce personnage un peu sot, toujours à côté de la plaque et de l'action et qui comprend tout de travers, à part tenter de le bien chanter? Disons-le d'emblée, ce n'est pas le meilleur que j'aie entendu de Meli: la tessiture le gène un peu, il a tendance à forcer (est-ce l'enregistrement?)... je préfère grandement son Riccardo du Bal Masqué ou ses récents Manrico et Foscari. Mais avec ses moyens vocaux, qui ne sont pas ceux d'un Alagna ou même d'un Grigolo (on ne compare pas avec Kaufmann, car les voix sont bien trop différentes), il trace un personnage somme toute attachant, toujours bien phrasé et avec des intentions dans les nuances et dans les couleurs qui, si elles ne fonctionnent pas toujours, sont louables. Une belle performance pour un rôle qui lui convient moyennement à mon humble avis.

Pour ce qui est des comprimari, remarquable Paolo de Kelsey. Un chanteur à suivre, les moyens sont colossaux. Le Fiesco de Beloselskiy est un peu vert, les graves pas toujours justes mais la voix est belle et fait penser à Ghiaurov. À suivre également. 

Côté orchestre, Muti tire de la phalange romaine de beaux miroitements sur la mer ligure.

En conclusion, une soirée traditionnelle d'opéra avec un casting de premier plan et un grand chef, en "prime" sur une chaîne publique italienne... de ces représentations qui peuvent plaire au plus grand nombre et qu'on ne voit, hélas, jamais sur le service public français.


dimanche 16 novembre 2014

I due Foscari, second visionnage

Donc j'ai fini par réussir à revoir I due Foscari, opéra de Verdi que je ne connaissais pas du tout et dont la musique m'avait emballée lors du "live" du 17 octobre. Voici ce que j'en pense, après l'avoir revu.

I due Foscari est un opéra charnière. On est loin de Nabucco et du bel canto et déjà presque dans le ton de la Trilogie Populaire Traviata/Trovatore/Rigoletto. Ne manque qu'un livret moins obscur que la pièce de Byron et on avait un authentique chef d'oeuvre. Néanmoins, je le dis sans hésiter, cet opéra fait une entrée météoritique dans mon top verdien. Mélodies qui marquent, thèmes déclinés comme des leitmotivs, airs, ensembles: tout s'est imprimé dans ma mémoire en 2 écoutes, je pourrais déjà en chanter la moitié! J'y entends les germes de Traviata et Trovatore, mais aussi de Forza et même de Don Carlo. Bref, j'adore, et je remercie le Royal Opera House de me l'avoir fait découvrir. 

Alors, ce spectacle justement. J'ai lu des commentaires trouvant la mise en scène statique et sombre. Peut être en live, mais au cinéma ça passe très bien. Il est des mises en scènes cinégeniques et d'autres non (cf la Flûte de cet été à Aix). Celle-ci l'est, les gros plans lui donnent une grande intensité et de plus les costumes et les lumières sont superbes.

L'orcheste est, comme d'habitude avec Pappano, superlatif, coloré, engagé. Sir Tony est un grand verdien, ce n'est plus à démontrer. Et pour ne rien gâcher il bénéficie d'un magnifique trio de chanteurs.

Maria Agresta est Lucrezia Contarini. Je vous le dis d'emblée: j'adore le personnage. Une femme, une épouse, une mère, forte, déterminée, mais pas pour autant une méchante comme Lady Macbeth. Et Agresta lui rend merveilleusement justice. Ses interventions son tour à tour enragées ou déchirantes. Voilà un vrai soprano verdien, avec ses couleurs, ses raucités, ses multiples facettes. Enfin une chanteuse de caractère, corsée, qui ne laisse jamais indifférent. J'attendais ça depuis la Fabbricini, je suis comblée. 

Francesco Meli est Jacopo Foscari, son mari, celui qui pendant presque tout l'opéra passe plutôt un mauvais quart d'heure. Le metteur en scène ne l'épargne pas: il chante soit dans une cage, soit enchaîné, soit prostré au sol. Mais quel artiste! Le rôle, élégiaque, lui va à merveille, bien mieux que Manrico. La ligne, le soin donné au couleurs, aux nuances, aux phrasés et à la diction (magnifique) ne cessent d'émouvoir. Et puis, voilà une vraie couleur de ténor, ça nous change! Alors oui, l'aigu est pafois tendu et affecté d'un début de vibrato lent, mais malgré ça, je craque!

Placido Domingo enfin, le Doge Foscari, vieux père du précédent. Il a l'âge du rôle, pour une fois, et il est en forme, pas comme à Salzbourg. Non, il n'est pas baryton, la couleur reste celle d'un ténor (mais la voix de Meli étant claire, ça ne gêne pas dans les ensembles). Et il est fantastique. Poignant, émouvant comme jamais. Avec toujours cet art consommé du chant, il invente à chaque instant cette tessiture qui n'est qu'à lui, et il tient le pari, jusqu'à la scène finale qu'il termine les larmes aux yeux. Un immense artiste, que l'on souhaite pouvoir apprécier encore longtemps. 

Vivement le DVD! (oui, oui, il y en aura un, j'en suis sûre, je l'ai demandé au Père Noël)

Petit post-scritum: j'ai, grande honte à moi, oublié le nom de la basse qui chante Loredano, le méchant de l'histoire. Mais il a très bien chanté: la preuve, il se fait gentiment huer aux saluts, un peu comme à Guignol! 

Copyright des photos: Royal Opera House

samedi 15 novembre 2014

Si l'on faisait un opéra de The Lord of the Rings

Je me prends de temps en temps à échafauder des castings. Et à imaginer qu'un nouveau Wagner viendra pour faire une Tétralogie de The Lord of the Rings. Et s'il cherche une librettiste, je suis candidate!

Voici mes propositions pour faire un opéra de l'oeuvre de Tolkien, sachant que vu le nombre de rôles, il va me falloir toute la planète Opéra!

Prologue: The Hobbit

Bilbo Baggins, ténor: Yann Beuron
Gandalf, baryton: Thomas Hampson
Thranduil, the Elven King, ténor: Klaus Florian Vogt
Thorin Oakenshield, basse: Vitalij Kowaljow
Les nains de la compagnie de Thorin: divers profils, de la basse bouffe (Bombur), via le baryton jusqu'au ténor léger (Fili et Kili).
Lord Elrond, basse: Luca Pisaroni
Bard the Bowman, ténor: Bryan Hymel
Smaug the Golden, Great Worm of the North, basse: Matti Salminen

Oui, je sais, ça manque de femmes, mais je n'y peux rien si l'oeuvre n'en comporte aucune!

Première partie: The Fellowship of the Ring

Frodo Baggins, ténor: Stanislas de Barbeyrac
Gandalf, baryton: Thomas Hampson
Samwise Gamgee, ténor: Florian Laconi
Merry and Pippin, contre ténor et mezzo: Christophe Dumaux et Karine Deshayes
Legolas, contre ténor: Philippe Jarroussky
Aragorn, ténor: Jonas Kaufmann (ben oui, le héros quoi)
Boromir, baryton: Simon Keenlyside
Gimli son of Gloin, basse: Bryn Terfel
Lord Elrond, basse: Luca Pisaroni
Lady Galadriel, mezzo-soprano: Elina Garança
Lord Celeborn, ténor: Klaus Florian Vogt (réemploi, mais le rôle de roi elfe lui va si bien!)
Lady Arwen, soprano: Anja Harteros (pour le grand amour de Jonas, c'est obligé)
Saruman the White, basse: René Pape

Seconde partie, The Two Towers

Les mêmes,  plus:
Gollum, contre ténor: Franco Fagioli (hi hi hi)
Treebeard, basse: Matti Salminen (je peux le réutiliser, Smaug est mort durant le prologue!)
Theoden, King of the Mark, basse: Alain Vernhes
Grima Wormtongue: Dominique Visse
Eomér, ténor: Torsten Kerl
Eowyn, soprano: Kristīne Opolais (elle aurait un look d'enfer en Vierge guerrière!)
Faramir, ténor: Francesco Meli (le couple improbable avec Opolais! Mais bon on est dans l'opéra fiction)

Troisième partie, The Return of the King

Les mêmes, plus:
Denethor, baryton: Matthias Goerne
The Witch King of Angmar, basse: Eric Halfvarson

Et choeurs, ensembles, une scène large comme celle du Grosse Festspielhaus et un metteur en scène très heroic fantasy comme Robert Lepage.

Le chef? Christian Thielemann.

Alors, qu'en pensez-vous? 😉

jeudi 13 novembre 2014

En défense de Klaus Florian Vogt


Lors de mes (nombreuses) pérégrinations sur YouTube, il m'est souvent arrivé, sur des vidéos de performances de Klaus Florian Vogt, de lire des commentaires aussi méchants qu'injustes. C'est un triste florilège, généralement commis par des gens qui n'ont jamais chanté une note.

Combien d'autoproclamés "experts" oublient qu'un artiste, du moment qu'il respecte l'oeuvre et en propose une vision, doit toujours être respecté? Qu'on aime ou pas cette voix adolescente, étrange s'il en est, on ne peut nier que l'interprète a des choses à dire dans Wagner, Beethoven et même Bernstein. On peut préférer un autre timbre, une autre couleur, dire "je n'aime pas", mais pas un définitif et ma foi bien sot "c'est nul".

La voix de Vogt n'est, à mon avis, pas phonogénique. Elle s'apprécie réellement live, où son volume et sa couleur ne cessent de surprendre. Comme tout le monde, il se rate parfois: je l'ai entendu il y a quelques années au Deutsche Oper de Berlin en Cavaradossi, et l'absence totale d'italianité et de ligne puccinienne m'ont franchement gênée, même si la puissance et le volume y étaient.

Mais sinon, en Lohengrin, en Florestan, j'affirme qu'on peut sans être incohérent apprécier également Vogt et Kaufmann; que les 2 visions sont valables et que la comparaison est aussi impossible que vaine. Et je me réjouis d'avance d'aller entendre ce même Vogt à la Scala en décembre et suis bien certaine que son "Gott" saura me faire frémir comme y parvient si bien celui de Jonas.

Klaus Florian Vogt "In fernem Land" Lohengrin : http://youtu.be/gcSq3R6PzOg


mercredi 12 novembre 2014

Angela Gheorghiu au TCE... être seule ou mal accompagnée

Donc, dimanche soir, je me réjouissais du coup d'envoi de ma saison de concerts, avec le récital d'Angie G au TCE.

À peine étais-je un peu inquiète de cet orchestre totalement inconnu et de cet obscur ténor roumain dont j'avais trouvé sur YouTube des extraits de performances peu convaincants.

Mais bon, Angie pour 35 euros, pourquoi se priver?

Et bien, hélas, mes inquiétudes étaient justifiées. L'orchestre, sans grâce, faisait autant de pains qu'une boulangerie, sans compter des bois sans aucune distinction et des cordes grasses.

Le ténor, annoncé souffrant, n'aurait même sans cela pas eu grand chose à dire. Aucun legato, pas d'idées,  plus l'aphonie qui m'avait été épargnée sur YouTube. Pourquoi dès lors le faire chanter en solo, massacrer Otello et Lohengrin? Déjà qu'il gâchait les duos...

Sinon, Angie fut égale à elle-même: voix moirée, art de la demi teinte, piani filés... et changement de toilettes et coiffures x3 (du rose princesse au noir andalouse).

Beaucoup de regrets donc, et je m'interroge sur l'opportunité de retourner écouter ce genre de récitals cacheton, au programme hétéroclite et à l'accompagnement au rabais.
Bon, après de longues hésitations, je me lance.
Ce blog sera dédié au partage de mes émotions artistiques diverses et variées. J'espère vous communiquer mon enthousiasme!