dimanche 8 novembre 2015

La joie c'est communicatif! (Beethoven, 9e Symphonie, 07/11/2015)

Bizarrement, le Berliner Philharmoniker était jusqu'à hier le seul grand orchestre que je n'avais jamais entendu live. J'avais donc bien choisi mon programme: leur répertoire de prédilection: les symphonies de Beethoven et surtout ma préférée, la 9e. Oui je sais, c'est banal de dire ça, mais moi j'aime toujours mieux quand ça chante à un moment ou un autre et puis celle-là, c'est religieux: je la connais par coeur, tous les moments me parlent et me transportent.

Donc hier, j'ai pris une grosse claque. Physiquement. Je ne m'étendrai pas sur l'interprétation de Rattle, d'abord parce que je ne suis pas assez connaisseuse en interprétation beethovénienne et ensuite parce que mon ressenti était tel que la tête s'est mise en veilleuse le temps de l'exécution de l'oeuvre. Ce son! Une déferlante de son, colossal, avec des dynamiques impressionnantes: pianissimos incroyables, crescendos de folie, fortissimos qui décoiffent... la pâte sonore est presque palpable, c'est incroyable. L'unisson des pupitres, où tous sonnent comme un seul (ces contrebasses! ces vents! ces cors...), pas un coup d'archet qui dépasse, les attaques parfaitement homogènes... on comprend soudain pourquoi, malgré toute la qualité des autres, c'est le meilleur orchestre du monde. Plus qu'un orchestre, en fait: un groupe de solistes qui ont choisi de faire de la musique ensemble. Ils jouent à fond, en communion avec Rattle, dirigeant sans partition et qui fait se soulever et refluer ces vagues de musique avec jubilation. Extraordinaire.

En plus, au dernier mouvement, le choeur a rejoint le niveau de l'orchestre: le Rundfunkchor Berlin, homogène, clair, précis, n'appelle que des éloges. Je suis mitigée sur le quatuor de solistes (et oui, voix veut dire: "ma tête se remet en marche"): la basse impressionne lors de son entrée (aucune annonce n'a été faite, mais d'après Twitter il semblerait que la basse russe inconnue de mes services qui était au programme ait été remplacée au pied levé et sans annonce de la Philharmonie par Franz-Joseph Selig, ce qui explique peut-être cela, mais de là ou j'étais placée je ne peux pas confirmer), le ténor  (Christian Elsner) se tire de ses solos impossibles avec les honneurs, la mezzo fait le job (la partie est ingrate, jamais en dehors) et Annette Dasch déçoit, comme d'habitude pour moi: voix peu homogène, jolie et ronde dans le médium mais à l'aigu tiré et bas, ça sent l'effort et interprétativement ça n'apporte pas grand chose.

Ce sera ma seule réserve sur cette soirée fantastique, dont je suis sortie émue et enthousiaste, avec au coeur ce que Beethoven a voulu chanter dans cette 9e: la joie.