jeudi 4 août 2016

Inoxydable Placido | Traviata | Chorégies d'Orange | Retransmission TV 03/07/2016

J'hésite toujours à poster un billet sur une diffusion télé. C'est dur de donner un avis sur une représentation qu'on n'a pas vue Live. C'est encore plus vrai à Orange, où l'acoustique très particulière fait que ce qu'on entend à la télé ne reflète pas forcément ce que les spectateurs ont entendu dans le Théâtre Antique. Reste que je vais vous donner mon avis sur la soirée d'hier, sous toutes réserves donc.

Côté mise en scène, pas grand chose à dire du travail de Louis Désiré : c'est propre, décoratif et banal, comme d'habitude avare de jeu d'acteurs, rien de dérangeant et rien d'enthousiasmant non plus. Oubliable en somme.

Côté choeurs et orchestre, j'ai trouvé ça routinier. Pas convaincue par Rustioni, que je n'ai pas trouvé très inspiré, surtout si je compare avec les merveilles que j'ai entendues il y a 2 mois avec Mariotti.

Mais bien sûr, il y avait le cast. Ermonela Jaho nous gratifie d'une belle prestation, notamment un dernier acte déchirant, où elle donne tout. On aime ou pas la voix, très vibrante, mais pour Traviata moi j'attends avant tout une artiste qui m'émeuve, pas la perfection. Avec Jaho, on a une Violetta, crédible, engagée, poignante. Et c'est l'essentiel. Brava!
Francesco Meli revenait à Alfredo après une série de Manrico à Londres. Pas simple. À la télévision, il semblait un peu fatigué. Mais reste que la ligne est toujours aussi châtiée, la diction lumineuse, l'artiste très scrupuleux, tout en nuances et distinction. Alors oui, l'aigu s'est un peu dérobé dans la cabalette au 2e acte, mais il réussit comme Jaho un très beau 3e acte et dans l'ensemble ces débuts à Orange sont réussis.
Mais la star de la soirée, c'était l'immense, l'inoxydable Placido Domingo, revenant à Orange 38 ans après ses débuts, cette fois en version baryton. L'artiste est impressionnant, l'état de conservation de la voix sidérant. Ce qui pêche? Le souffle, court, là où Verdi exige une colonne d'air inépuisable et des respirations rapides. À son âge c'est bien normal. Mais la conséquence est un ralentissement jusqu'au distendu des tempi dans tout le duo du 2e acte, au point de parfois susciter l'ennui. Néanmoins, quelle incarnation! Chapeau bas à ce monument de l'art lyrique.

Quelles que soient ces petites réserves, je n'ai pas boudé mon plaisir. À une belle soirée d'opéra, qui plus est à une heure décente sur le service public, on ne chipote pas!

Copyright photos Philippe Gromelle.