mercredi 10 mai 2017

Est-ce toi, Pelléas? | Pelléas et Mélisande, TCE 09/05/2017

A cause des élections qui m’ont pas mal occupée ces derniers temps, j’ai accumulé beaucoup de retard sur mon blog. Je ne chercherai pas à le rattraper, mais je remets le couvert pour vous donner mon avis sur ce Pelléas et Mélisande au Théâtre des Champs Elysées.

C’était la première, hier. Au milieu des people (le costumier, Christian Lacroix, le directeur de l’Opéra de Paris, Stéphane Lissner, à qui je me suis retenue de dire tout le mal que je pense de la saison 2017-2018 et de la politique tarifaire) et des mamies à perlouzes venues se gausser du texte de Maeterlinck, je me suis sentie un peu décalée, moi pour qui Pelléas est une émerveillement toujours renouvelé. J’attendais beaucoup de cette production. Attentes seulement à moitié satisfaites car cette soirée était ma foi sans surprises.

La mise en scène d’Eric Ruf est littérale, pas particulièrement belle (que de marron…), un peu Klimt, un peu Chéreau, pas très inventive. Quelques belles images, de belles robes pour Mélisande et… pas beaucoup de théâtre. Par contre, une gestion intelligente des transitions entre les tableaux qui mériterait de faire école.

Louis Langrée à la tête du National nous délivre une prestation très Wagnérienne (le final!), riche de clairs obscurs, miroitements et vagues… en somme, ce qu’on attend quand on va entendre Debussy avec cet orchestre dont c'est le répertoire.
Côté cast, un Yniold qui chante juste, car femme (Jennifer Courcier), mais sans ce côté irréel des sopranos garçons, une Geneviève poignante dans sa lecture de la lettre mais avec 3 voix au moins, changeant de place et de couleur en permanence (Sylvie Brunet-Grupposo), un Golaud bien chantant (Kyle Ketelsen) mais se prenant fréquemment les pieds dans le texte et au final assez peu émouvant, et Petitbon qui fait du Petitbon : sons aplatis pour « faire mystérieux », personnage mi femme mi poupée, comme on s’y attendait. Face à elle, le Pelléas bien connu de Jean-Sébastien Bou n’a plus aujourd’hui les aigus de sa dernière scène, même s’il conserve cette allure et ce timbre juvénile. Seule découverte de ma soirée : l’Arkel de Jean Teitgen : voix saine passant aisément l’orchestre, humanité et grandeur : j’ai rarement entendu ce rôle aussi bien chanté. La salle ne s’y trompe pas, qui lui réserve la plus grosse acclamation aux saluts.

Une soirée somme toute assez convenue… c’est dommage.

Photo Vincent Pontet TCE