dimanche 11 décembre 2016

Beautés de la mélodie française | Récital Stanislas de Barbeyrac, Amphi Bastille 05/12/2016

Lundi dernier, j'ai eu le grand plaisir d'aller entendre l'un de mes chanteurs préférés, Stanislas de Barbeyrac, dans cet exercice rare et difficile qu'est le Liederabend. Pour l'occasion, sortie entre filles: j'y ai amené mon aînée de 12 ans, pour qui c'était une première expérience de la mélodie et du Lied.

Le programme était aussi éclectique que cohérent: chronologique et centré autour du thème de l'amoureux mélancolique. On débuta fort, avec le merveilleux Adélaïde de Beethoven, choix audacieux car la tessiture de ce Lied est tendue (je parle d'expérience). Le phrasé noble et clair du chanteur y fait merveille, posant admirablement le décor pour la suite, dont le merveilleux cycle "À la bien-aimée lointaine", rêveur et viril à la fois, tout en nuances Sturm und Drang. Une réussite, même si j'aurais aimé un piano un peu plus charpenté pour du Beethoven.

On enchaîne par ce petit bijou qu'est l'Absent de Gounod. Et si j'ai été séduite par le très beau verbe allemand de Stanislas, là en français, c'est tout bonnement fantastique. Cela fait si longtemps qu'on attendait un chanteur dont la diction rende justice à ce répertoire! À part Alagna, et il ne s'est guère aventuré dans la mélodie, personne aujourd'hui ne prononce notre langue aussi bien. Et quand en plus le chanteur tisse un écrin de couleurs et de dynamiques pour créer une atmosphère qui sert si bien le texte, c'est un vrai bonheur. Les mélodies de Duparc sont de la même eau: quelle Invitation au voyage, radieuse, mélancolique mais jamais maniérée, dite avec cette voix franche et si bien assise dans le médium et en plus délicieusement accompagnée par le piano tendre et sophistiqué de Yoan Héreau. Vraiment top, dixit Gremlin 1 avec un grand sourire (elle suit mieux quand c'est en français).

J'ai ensuite découvert avec intérêt les mélodies de Roger Quilter et Ivor Gurney, bien que je leur préfère de loin les deux chansons de Britten conclusives, même si j'ai senti le chanteur, toujours impeccable musicalement, un peu moins à l'aise avec les textes cette fois-ci (une mignonne inversion de texte dans The Salley Gardens de Yeats m'a fait sourire).

Très applaudi, Stanislas nous offre aux bis un très bel air de Max du Freischütz de Weber (cela me donne encore plus hâte d'entendre son Tamino en janvier!) et un défi (c'est lui qui le dit): l'air de la Fleur. Et là, REVELATION! C'est la plus belle interprétation que j'aie entendu depuis Alagna et Gösta Windberg. Et ce pianissimo final! Je lisais récemment une interview de Stanislas où il disait vouloir se concentrer sur les répertoires français et allemand. Ce récital m'a convaincue qu'il a 100% raison. Je m'en vais donc rêver d'un Don José complet, d'un Pelléas, d'un Hoffmann... mais aussi de Don Carlos (en VF bien sûr). Il faut aimer les défis.

mardi 1 novembre 2016

Étoile solitaire | Lucia di Lammermoor, Opéra de Paris 23/10/2016

J'ai mis un peu de temps à pondre ce billet. Plusieurs raisons: d'abord, la mise en scène d'Andrei Serban, vue et revue, notamment avec Yoncheva et Fabiano, ne m'inspire pas beaucoup de commentaires, à part: pas très jolie mais plutôt intelligente. Lucia femme-enfant perdue à la fois dans un monde d'hommes et dans un univers psychiatrique. Bon. Ça ne donne guère de belles images, ne va pas sans quelques facilités (les scènes d'agressions sexuelles...), oblige la soprano à de l'équilibrisme... mais vieillit somme toute plutôt pas trop mal. Passons.

Secondo, il y a la direction de Riccardo Frizza que je qualifierai d'anodine, comme souvent pour moi ces derniers temps à l'Opéra de Paris (Michele Mariotti excepté). On manque quand même de grands chefs invités dans cette maison. Les choeurs ont, eux, mis un peu de temps à se chauffer (est-ce dû au fait que c'était une représentation d'après-midi?). Leurs interventions au 1er acte n'étaient franchement pas terribles. Attaques molles, volume parfois limité, justesse limite... bon ils se sont rattrapés au 2e acte mais cela reste bien routinier.

Tertio, tout le cast sauf la prima donna était du domaine du "bien sans plus". Artur Rucínski est un Ashton bien chantant mais trop uniformément brutal, et si il a de beaux aigus la voix est quand même très monochrome, or tout l'art du Bel Canto réside justement dans les colorations. Même remarque pour Piero Pretti. Il passe, phrase bien, a une très bonne diction, mais chante tout avec la même couleur, un rien métallique. Du coup, on a un Edgardo assez falot... Michael Fabiano dans le même rôle il y a quelques années c'était autrement enthousiasmant! Rafal Siwek en Raimondo fait le job avec le professionnalisme qu'on lui connaît, l'Alisa de Gemma Ní Bhriain est intéressante et a un joli volume, mais enfin, si on fait le compte, c'est un peu court...

Heureusement, il y avait l'étoile montante du chant Donizettien, celle pour qui j'étais venue, Pretty Yende. Et elle a brillé de mille feux, astre solitaire dans cette morne reprise. Lumineuse au milieu de tant de laideur scénique, flottant sur sa balançoire ou à cinq mètres du sol sur une bien vilaine structure de bois, sa présence et son incarnation sont saisissantes. Sa Lucia est une femme qui vit dans son rêve mais se bat pour en faire une réalité, une personnalité forte qui aimante tout et tous autour d'elle. C'est simple, on ne voit qu'elle et on s'ennuie dès qu'elle sort de scène. Vocalement c'est aussi un festival de couleurs, de variations, de contre-notes, exécutées avec une facilité et un naturel confondants, tant la voix est bien assise sur un médium pulpeux et un souffle inépuisable. Et toujours avec ce volume notable qui lui permet d'emplir pleinement Bastille, si peu adapté au premier XIXe siècle... Bellini et Donizetti devraient se donner à Garnier! Ce n'était pas pour Pretty Yende une prise de rôle (elle l'a chanté notamment à Berlin) mais niveau impact on peut dire qu'une grande Lucia est née à Paris, dans la lignée de Mariella Devia (avec qui elle a d'ailleurs travaillé le rôle) et June Anderson, qui avait créé cette mise en scène. Alors si aujourd'hui, à grand renfort de promotion par Sony, tout semble sourire à cette nouvelle étoile de l'art lyrique, on ne peut que s'en réjouir, car ce sourire elle nous le rend si bien!

Un extrait de son air de la folie est écoutable ici.

(Photos: © Sebastien-Mathe)

mardi 18 octobre 2016

Roll Over Beethoven | Philharmonie 15/10/2016

A short review of Saturday's concert at the Paris Philharmonie, with a 100% Beethoven programme: the 1st piano concerto and the 6th Symphony.

I loved the concerto, with an inspired Christian Zacharias conducting the Orchestre de Paris from his piano. The 2nd movement (the Largo) managed to convey all the tenderness that Beethoven puts in his music when he gets dreamy. Thumbs up also to the solo clarinet. Overall, a lively and moving interpretation.

But I had come for the Pastorale, my favourite Ludwig Symphony with the 9th. The Orchestre de Paris woods were grand, as usual. Lovely oboe solos, amazing flute from Vicents Prats, wonderful bassoons and clarinet... essential for a good Pastorale. I have more reservations as regards the strings. As usual, I find their very "French" sound a bit too dry and thin for Beethoven. Overall, a very enjoyable evening: I came out whistling the 2nd movement and smiling... but also because I had the cartoon below in mind 😁

PS: happy 90th birthday Chuck Berry!

mardi 13 septembre 2016

Ouverture majeure! | Diana Damrau, Kirill Petrenko et le BSO au TCE

Enfin, c'était hier le début de ma saison! Programme atypique pour moi: du Wagner, du Tchaïkovski et quand même un peu de musique vocale avec les Quatre Derniers Lieder de Strauss. Mais je n'aurais pour rien au monde raté l'occasion de voir diriger Kirill Petrenko à la tête de son Orcheste d'État de Bavière!

Et que j'ai bien fait! Quel chef! Il vous emporte dans la musique, vous donne l'impression que vous comprenez tout, c'est absolument enthousiasmant! Je n'avais jamais autant vibré en écoutant l'ouverture des Maîtres Chanteurs. Wagner comme ça, c'est topissime! le concert commençait donc très bien. Malheureusement mon enthousiasme est un peu retombé avec l'entrée en scène de Diana Damrau (en total look Barbie soprano, robe rose et escarpins à paillettes compris). Là où je m'attendais à l'extase, je n'ai ressenti qu'un ennui poli. Certes, l'orchestre était planant à souhait, suave et miroitant, mais hélas un peu fort, couvrant la chanteuse dès qu'elle n'était pas dans l'aigu. Bon, j'avoue que la voix de Damrau n'est de toutes façons pas celle que j'attends dans ces Lieder. J'y aime des voix plus larges et plus chaudes, comme celle de Mattila. Mais en plus, j'ai trouvé la soprano prosaïque et appliquée, jamais réellement en communion avec l'orchestre. Là où j'attendais de l'abandon, j'ai eu un chant léché, si propre que je l'ai trouvé sans âme. J'ai donc été déçue, comme je le suis souvent hélas avec cette chanteuse, dès lors qu'elle s'aventure hors de la pyrotechnie.

Mais heureusement, après l'entracte on est retourné dans les hautes sphères du prélude! La grande ignare que je suis en musique symphonique dès qu'on sort de Beethoven, Schubert, Schumann et du répertoire français a donc pour la première fois entendu la 5e symphonie de Tchaïkovski. Une grande claque. Quelle merveille quand c'est joué et dirigé comme ça! Le BSO a une pâte extraordinaire. Ces cordes charnues, ces timbales sismiques, ces cuivres qui éclatent,  c'est impressionnant. Et quels pupitres de bois! Les quatres solistes ont été épatants lors des nombreuses occasions qu'ils avaient de se mettre en valeur. Et la communion de Petrenko avec ses troupes est un plaisir à voir à entendre.

Devant l'ovation du public, le chef nous a en plus gratifiés en bis d'une hyper virtuose ouverture de Rousslan et Ludmila de Glinka (merci à Gilles Lesur pour l'info), achevant de montrer pourquoi, même nommé à la tête des Berliner, il souhaite conserver son poste au BSO. Quand on a un instrument pareil, qui réagit à la moindre impulsion, on le garde!

Bref, j'ai rejoint officiellement depuis hier soir le club des fans hystériques de Kiriiiiil, et je suis ravie de retourner au TCE que j'avais la saison dernière un peu délaissé au profit de la Philharmonie. Vivement la prochaine fois!

dimanche 11 septembre 2016

Glorieuse Anna! | Anna Netrebko : Verismo

Je n'achète pas souvent de CDs de récitals. En général, je m'y ennuie. Le "début recital" de Netrebko, qui est le seul de cette artiste que je possède et qui a bien 15 ans, ne fait pas exception. Seulement voilà, à l'ère d'iTunes et de Spotify, les extraits publiés avant la sortie du CD (la Wally, la Mamma Morta) m'avaient impressionnée et donné envie d'entendre tout le disque.

Et bien, je ne regrette pas mon acquisition. Dans ce répertoire, plus ou moins justement qualifié de "vériste", Anna Netrebko est tout simplement glorieuse. La voix s'épanouit sur toute la tessiture: graves sonores, médium d'une rondeur et d'une richesse de couleurs à tomber, et toujours cet aigu lumineux, rond, qui flotte ou cingle apparemment sans aucun effort. C'est sidérant. La ligne est superbe, la respiration précise (sans doute l'effet Pappano, dont on connaît la rigueur), l'intonation impeccable (l'intonation haute est le péché mignon de Netrebko). Seule la prononciation pourrait être plus nette, mais aujourd'hui, hormis les italiennes, qui a une diction digne de ce nom dans ce répertoire ?

Voilà pour la technique, absolument superlative. Mais ce qui fait que ce récital est un succès, c'est que l'interprétation est là aussi au niveau. Je vous épargne les vaines comparaisons avec ses devancières. On ne va pas passer notre vie à invoquer les mânes de Callas. Netrebko est une artiste suffisamment notable pour qu'on ne la compare qu'à elle-même. Et bien, elle se surpasse ici. Elle sort ses tripes. Sa Mamma Morta est à pleurer (en tous cas sur moi ça marche à tous les coups https://youtu.be/vYJUFtKyuVE), sa Wally aussi (https://youtu.be/9unXavaZwMU). Dans les grandes réussites de ce disque, on rajoutera sa Margherita hallucinée, sa Butterfly sans illusions, sa Tosca d'une parfaite évidence et surtout une formidable et inattendue Turandot, bien secondée par Monsieur (Yusif Eyvazof). Sa princesse de gel et de feu donne envie d'une intégrale, même si je doute qu'elle osera le rôle sur scène. Le disque se termine sur le final de Manon Lescaut (toujours avec Monsieur, pas mal même si je ne suis pas fan de son timbre un peu métallique), rôle qu'elle a déjà à son répertoire et qui nous fait rêver qu'elle y inscrive aussi ceux précédemment cités.
On patientera avec ces "teasers", sa prise de rôle dans Tosca est je crois prévue pour 2018 au Met (avec Meli? On a le droit de rêver ses castings, après tout...).

jeudi 4 août 2016

Inoxydable Placido | Traviata | Chorégies d'Orange | Retransmission TV 03/07/2016

J'hésite toujours à poster un billet sur une diffusion télé. C'est dur de donner un avis sur une représentation qu'on n'a pas vue Live. C'est encore plus vrai à Orange, où l'acoustique très particulière fait que ce qu'on entend à la télé ne reflète pas forcément ce que les spectateurs ont entendu dans le Théâtre Antique. Reste que je vais vous donner mon avis sur la soirée d'hier, sous toutes réserves donc.

Côté mise en scène, pas grand chose à dire du travail de Louis Désiré : c'est propre, décoratif et banal, comme d'habitude avare de jeu d'acteurs, rien de dérangeant et rien d'enthousiasmant non plus. Oubliable en somme.

Côté choeurs et orchestre, j'ai trouvé ça routinier. Pas convaincue par Rustioni, que je n'ai pas trouvé très inspiré, surtout si je compare avec les merveilles que j'ai entendues il y a 2 mois avec Mariotti.

Mais bien sûr, il y avait le cast. Ermonela Jaho nous gratifie d'une belle prestation, notamment un dernier acte déchirant, où elle donne tout. On aime ou pas la voix, très vibrante, mais pour Traviata moi j'attends avant tout une artiste qui m'émeuve, pas la perfection. Avec Jaho, on a une Violetta, crédible, engagée, poignante. Et c'est l'essentiel. Brava!
Francesco Meli revenait à Alfredo après une série de Manrico à Londres. Pas simple. À la télévision, il semblait un peu fatigué. Mais reste que la ligne est toujours aussi châtiée, la diction lumineuse, l'artiste très scrupuleux, tout en nuances et distinction. Alors oui, l'aigu s'est un peu dérobé dans la cabalette au 2e acte, mais il réussit comme Jaho un très beau 3e acte et dans l'ensemble ces débuts à Orange sont réussis.
Mais la star de la soirée, c'était l'immense, l'inoxydable Placido Domingo, revenant à Orange 38 ans après ses débuts, cette fois en version baryton. L'artiste est impressionnant, l'état de conservation de la voix sidérant. Ce qui pêche? Le souffle, court, là où Verdi exige une colonne d'air inépuisable et des respirations rapides. À son âge c'est bien normal. Mais la conséquence est un ralentissement jusqu'au distendu des tempi dans tout le duo du 2e acte, au point de parfois susciter l'ennui. Néanmoins, quelle incarnation! Chapeau bas à ce monument de l'art lyrique.

Quelles que soient ces petites réserves, je n'ai pas boudé mon plaisir. À une belle soirée d'opéra, qui plus est à une heure décente sur le service public, on ne chipote pas!

Copyright photos Philippe Gromelle.

mardi 28 juin 2016

A Very Moving Werther | Royal Opera House Live 27/06/2016

In these sad times of Brexit, I have decided to write the review of last night's Werther live at the movies in English. Readers will I hope be indulgent for the odd mistake.

So yesterday I went to my local suburban Paris movie theatre to see the latest version of Benoît Jacquot's production of Werther, this time with the debuts of Joyce DiDonato and Vittorio Grigolo. That production is well-known to me and I like it very much : I saw it in Paris a few years back with Jonas Kaufmann and Sophie Koch (Plasson conducting) and it was one of the best evenings I ever had at the opera. Therefore I was not worried about not liking the staging and just very curious to hear two new leads in that work which is among those I know best, along with Tosca and Trovatore.

Well, I had a great evening. For one, nothing can go wrong when my beloved Simon Callow is host! That voice is so part of my teenage days! He was Mercutio on an old audio tape I had back then, and it was lovely to hear him again.
In the pit, Tony Pappano and the ROH orchestra were awesome. That energy, that tension! Sir Tony is not quite as subtle as Plasson, but still he managed to convey the Sturm und Drang drama so well that I got goosebumps.
The comprimari were all lovely too, especially a delightful François Piolino as Schmidt and a lively, sweet-voiced Sophie by young American soprano Heather Engebretson. It was also moving to hear the Bailly of Jonathan Summers, returning to the work after having been Albert on the same stage in... 1979!

OK, I admit it, I wanted to go mostly for Vittorio Grigolo, whose wonderful French diction I had discovered in his Met Hoffmann, and who was bound to make a very handsome Werther physically anyway (I have a soft spot for Vittorio, as you may have guessed). Well, he was handsome alright, though I hate that beard which makes him look like a younger, slimmer version of Pavarotti and got far too many closeups on his perfect teeth for my liking. Vocally he was quite satisfactory too, less over-the-top than he is wont to be, with exquisite messa di voce, delightful colouring and notable volume when needed. But on the acting side, I was perplexed. For one thing, Vittorio needs lessons to learn how to use his arms. His routine "arms straight along my sides", then "stretched forward pleadingly" and  "hugging myself" gets tiring after a while. Perhaps because he is always batting his arms around and taking so much space on stage, I ended up finding his Werther almost dislikable. He was certainly self-centered to a fault, almost brutal, bullying DiDonato's delicate Charlotte into loving him back... of course, this aspect is part of the character, but I had never quite felt it so vividly. I only found him endearing at the end, when his apologetic, suddenly appeased death scene finally managed to touch my heart.

But the one who brought tears to my eyes was Joyce DiDonato's Charlotte. Although I initially had trouble with believing in her as a young girl in Act 1, I was totally convinced from Act 2 onwards. Her bright, vibrant voice managed to convey all the complexity of Charlotte's feelings, with superb belcanto coulouring and a classy French diction. And then I was blown away by her letters scene in Act 3. That was so intense, the cataclysm of Charlotte's turmoil flowing from her like lava from a volcano, the voice stretched to its limit, as if throwing all caution away... absolutely amazing. I want to hear that again, live next time!

So here you have it: it was just one of those evenings when you come to be moved by the tenor and end up moved by his leading lady. And hey, I love that!

Photos copyright ROH.

lundi 13 juin 2016

Mariaaaaaaaa! | Traviata | Opéra de Paris 11/06/2016

Il est des soirées où on assiste à des miracles. Samedi soir, à l'Opéra de Paris, c'en était une. Car ce soir-là, sur la scène de Bastille, on a pu entendre la Violetta de Maria Agresta. Et elle tient du miracle. Souffle infini, rondeur du timbre, ligne divine, aigu triomphant, toutes les qualités de cette merveilleuse chanteuse mises au service d'une extraordinaire incarnation. De bout en bout, elle EST la Traviata. Dans la parole, extraordinairement vraie, dans les gestes, si naturels, dans l'émotion, immense. La plus belle Violetta qu'il m'ait été donné d'entendre. Son duo du 2e acte avec Germont père fut un moment de grâce que je ne suis pas prête d'oublier : tant de vérité, de justesse dans les sentiments, j'en suis encore remuée. Alors merci, merci, Maria Agresta, pour tout ce que vous nous avez donné ce soir-là.

Et merci également au merveilleux chef verdien qu'est Michele Mariotti. En communion avec sa chanteuse, il tire de l'orchestre de l'ONP des couleurs, des transparences inouies. On entend des détails que l'on n'avait jamais entendus! Et puis, ces mains... c'est bien la première fois que je passe autant de temps à regarder le chef plutôt que la scène.
Il faut dire que la mise en scène de Benoît Jacquot est un ratage: anodine, statique jusqu'à l'ennui, sans idées à part la référence à l'Olympia de Manet et au lit de la Pavia, et surtout sans la plus petite once de direction d'acteurs! Ces choeurs en rang d'oignons... Vergogna! Quand je pense qu'on a rangé dans les cartons l'extraordinaire Traviata de Marthaler...

Belle prestation de Bryan Hymel en Alfredo, qui se sort très élégamment d'un rôle que l'héroïsme de sa voix ne lui rend à mon avis pas intrinsèquement naturel et nous gratifie d'un superbe contre-ut à la fin de sa cabalette. Cet Alfredo, dont le côté fruste va avec le personnage de jeune provincial monté à Paris, sait en outre émouvoir dans la grande scène du 2, où ses remords sont déchirants.

Enfin, Željko Lučić en Germont Père est, comme toujours, très bien chantant s'il n'est pas excessivement sonore, tout en noblesse et en nuances châtiées. En plus, on lui a restitué la cabalette de Di Provenza, inexplicablement retirée à Tézier lors de la 1ère édition. J'en serais presque consolée d'avoir dû rater Simone Piazzola que je devais entendre au départ avant d'être forcée de modifier mes dates.

Bref, à défaut d'une soirée de théâtre, une grande et belle soirée de chant que je ne suis pas prête d'oublier. Et pour vous en donner un écho, le "Libiamo" de Bryan Hymel et Maria Agresta peut s'écouter ici https://youtu.be/53i7E_hWQCQ

dimanche 5 juin 2016

Chères images | Simon Boccanegra, Wiener Staatsoper, live-stream 04/06/2016

Hier, j'ai pour la première fois payé pour un live-stream sur ma tablette. Et bien ce sera sans doute la dernière. Le streaming, quand c'est gratuit, c'est pratique pour ceux qui ne peuvent pas aller voir toutes les représentations qui les font rêver. Ce n'est qu'un pis-aller, mais bon, quand c'est gratuit on ne râle pas. Mais là, 15 euros pour quelque chose d'aussi médiocre visuellement que ce Boccanegra que proposait hier le Wiener Staatsoper, franchement c'est abuser. Mieux vaut la radio!

En effet, j'ai rarement vu une production aussi indigente que cette reprise d'une mise en scène de Peter Stein. Costumes hideux et peu seyants, lumières nulles, décors au rabais avec force rideaux qui s'ouvrent et se ferment, zéro direction d'acteurs, pas d'idées et... pas de mer! Le comble pour une oeuvre aussi liée à la mer ligure que Boccanegra! Oser proposer ce machin en streaming payant, franchement! En plus, l'orchestre joue beaucoup trop fort et les choeurs sont aux fraises... que de départs ratés dans la scène de la salle du trône! Indigne de Vienne. Alors que reste-t-il pour justifier ce prix? Eventuellement le cast, qui semblait prometteur sur le papier.

Le Doge de Hvrostrovsky ne m'a pas convaincue. Le style n'est pas verdien, il chante tout pareil et l'incarnation est absente. Je ne parlerai pas de la voix, fatiguée, car il est de notoriété publique qu'il a de gros soucis de santé et c'est tout à son honneur d'assurer autant malgré cela, mais côté interprétation, c'est sans intérêt. Tout le contraire du Fiesco de Furlanetto, noble, déchiré, superbe vocalement: la véritable statue du commandeur de Simon. Je suis d'autant plus convaincue d'aller l'écouter en Filippo II à la Scala l'an prochain.

Superbe également, mais ce n'est pas nouveau, le Gabriele Adorno de Francesco Meli, le meilleur depuis Carreras. Ligne, timbre, classe, il en impose... notamment côté volume: il a du mal à ne pas écraser le Doge et sa fille dans les ensembles, mais passe facilement la rampe et l'orchestre. Hélas pour lui, il est empêtré dans un costume fort laid et bien peu flatteur pour la silhouette et livré à lui même côté jeu d'acteur.

La vraie mauvaise surprise du cast, c'est l'Amelia de Barbara Frittoli, qui se bat avec des registres désormais totalement désunis, crie ses aigus, tube son grave et cherche en vain à masquer les trous dans sa tessiture. C'est dommage car le timbre reste beau et l'artiste intègre et attachante. Mais un Boccanegra sans Amelia...
Je finirai par une mention pour le très beau Paolo de Plachetka, un futur grand qu'on a hâte d'entendre dans un premier rôle.

En bref, une production de routine qui ne justifie en rien le prix demandé pour la voir sur une tablette. Si le Wiener Staatsoper veut faire payer, qu'il en donne aux spectateurs pour leur argent!

jeudi 12 mai 2016

La boîte à souvenirs de Rigoletto | ONP 10/05/2016

J'avais hâte de voir ce Rigoletto mis en scène de Claus Guth. J'aime beaucoup ce metteur en scène, qui a signé un de mes Don Giovanni préférés. Et bien j'ai été assez déçue. Ce n'est pas mauvais, mais c'est anodin. Un grand carton qui sert de décor unique, version en grand du petit carton qui contient tous les souvenirs d'un Rigoletto clochardisé qui revit, sous la forme d'un double du chanteur, sa triste histoire. Quelques images projetées assez jolies. Et puis, c'est tout. Ça ne fait pas beaucoup. S'y rajoute un ratage au 3e acte, avec ces danseuses de cabaret emplûmées qui provoquent les rires de la salle. Et quasi aucun jeu d'acteurs. Bref, du tout petit Claus Guth. Dommage.

D'autant plus dommage que ce soir-là on avait un vrai chef verdien, Nicola Luisotti, tirant de l'orchestre des dynamiques, des nuances et des couleurs superbes, et un choeur particulièrement en forme. Idem pour les comprimari, avec notamment un Marullo sonore, Mychał Partyka, un Monterone au volume impressionnant, Mikhail Kolelishvili, et une très belle Giovanna, Isabelle Druet.

Côté seconds rôles, graves abyssaux pour le Sparafucile de Rafał Siwek et pour la revenante Vesselina Kasarova... même si la concernant il ne reste hélas plus que ça, et ce n'est certainement pas assez pour faire une Maddalena.

Passons au trio de protagonistes. Ce n'est pas cette représentation qui m'aura fait changer d'avis sur Francesco Demuro. Le timbre est joli, le style adéquat, mais la voix n'a pas le volume pour chanter le Duc à Bastille et donc le chanteur pousse, détonne, s'étrangle sur tous les passages, particulièrement au 1er acte, où Marullo sonne plus que lui! Il se rattrape avec un "Parmi veder" honorable et un dernier acte correct. Alors oui, il nous gratifie de quelques suraigus optionnels... mais ce n'est pas ce que j'attends d'un Duc de Mantoue. Et côté jeu d'acteur, il est bien falot et on ne comprend guère ce qu'elles peuvent toutes lui trouver. Bref, un Rigoletto quasi sans ténor et ça déséquilibre l'ensemble.
En Gilda, Olga Peretyatko a du charme à revendre, un timbre fruité absolument ravissant, un naturel confondant et une silhouette de rêve. Et elle joue si bien! Néanmoins, je l'ai trouvée fatiguée, les suraigus à la peine voire escamotés. Est-ce d'avoir remplacé Irina Lungu, souffrante, à la représentation précédente? Et reste toujours ce problème sur les trilles, où je ne comprends absolument pas ce qu'elle fait techniquement... très problématique sur "Caro nome". Reste qu'elle m'a profondément émue dans sa dernière scène et que rien que pour ça je trouve sa Gilda réussie.
Quinn Kelsey enfin. Je l'avais découvert en Paolo Albiani dans un Boccanegra à Rome et il m'avait impressionné par sa puissance. La voix est effectivement très bien projetée, très belle surtout dans l'aigu, le grave manquant un peu de ténèbres. Le chanteur est un peu fruste mais très engagé et émouvant, s'il n'est guère idiomatique dans Verdi. Par contre, est-ce la fatigue? -- il faisait son retour après deux forfaits pour indisposition -- j'ai trouvé son "si vendetta, tremenda vendetta" peu impressionnant. Sans doute un peu de prudence de sa part ou de retenue, ce qui lui a permis d'assurer une grande et belle dernière scène.

Le 2e volet de cette Trilogie Populaire verdienne de l'Opéra de Paris aura donc été pour moi plus satisfaisant dans l'ensemble que le 1er. Reste à attendre la conclusion, avec Traviata en juin!

Photos ONP

dimanche 8 mai 2016

Come è bello il mio Mario! | Tosca | Teatro Carlo Felice 06/05/2016

La reprise de la Tosca mise en scène par Davide Livermore méritait bien un déplacement pour le week-end dans la cité de Boccanegra, car elle affichait les débuts de Francesco Meli en Cavaradossi.

Cette mise en scène est une excellente occasion de réconcilier les anciens et les modernes. Fidèle à la lettre du livret, sauf pour une petite transgression dans l'ultime scène, elle prouve qu'on peut, grâce à un dispositif scénique innovant, être à la fois traditionnel et actuel. Le grand plateau triangulaire tourne sur lui même, variant les plans scéniques, illustrant les rapports de force en jouant sur les positions verticales des personnages, juxtaposant les scènes (la salle de torture, brièvement entrevue, la chapelle Attavanti...). Un travail d'orfèvre, très cinématographique, qui sert le livret, ne perd jamais le spectateur en route, évite tout sentiment de statisme. C'est totalement Tosca, mais dépoussiéré. S'y rajoutent de très belles lumières et de beaux costumes Empire, une vraie réussite.

Côté orchestre, Dimitri Jurowski tient bien ses troupes, sait ménager ses effets et aider ses chanteurs, même s'il n'évite pas quelques lourdeurs deci-delà. Les choeurs réussissent bien le Te Deum, spectaculaire et embrumé d'encens, et le petit berger du 3e acte ne mérite que des éloges pour la justesse de sa voix et tout le coeur qu'il a mis dans son air. Beaux comprimari, surtout le sacristain, drôle à souhait et très bien joué.

Passons au trio des protagonistes principaux. Je n'ai pas été totalement convaincue par le Scarpia d'Angelo Veccia, dont la voix est belle mais qui à mon sens manque un peu d'autorité et de méchanceté.

Par contre, très belle prestation d'Amarilli Nizza dans le rôle titre: présence scénique, silhouette de rêve, puissance et surtout un engagement émotionnel de chaque instant, elle est poignante et emporte l'adhésion tant elle est son personnage. Beaucoup d'émotion et de ferveur dans son Vissi d'arte. Une bien belle Tosca, à tous points de vue.

Je terminerai bien évidemment par celui que j'étais venue entendre. Francesco Meli fait des débuts enthousiasmants en Mario. Il est tout simplement magnifique. Lumière du timbre, puissance, ne sacrifiant jamais à l'effet mais dessinant un Mario à la fois tendre et viril par les seules nuances et couleurs... une leçon de chant puccinien, débarrassé de tout vérisme. Cela donne un Recondita armonia d'une douceur inouïe, des Vittoria sonores et surtout un E lucevan le stelle si poétique et poignant qu'il suscite une ovation et... un bis! Bon, je n'aime pas qu'on bisse cet air car cela interrompt l'action, mais je n'ai pas boudé mon plaisir. Et comme Amarilli Nizza n'a pas oublié de faire son entrée, pas de problème. On ne saurait reprocher au plus grand ténor italien actuel d'être prophète en son pays et en sa ville!

De quoi s'écrier, comme Tosca: "Come è bello il mio Mario!" et regretter, une fois encore, l'absence de Francesco Meli sur nos scènes parisiennes dans les 2 ans qui viennent... tant pis pour nous, et tant mieux pour les génois!

dimanche 27 mars 2016

Joyeuses Pâques? | Bach, Messe en Si, Christie, Philharmonie 26/03/2016

Je n'aime pas sortir d'un concert sur un "bof". Surtout quand il s'agit d'une aussi belle oeuvre que la Messe en Si de Bach. Mais malheureusement hier ça a été le cas. Le pire c'est que je ne sais même pas vraiment pourquoi je n'ai ressenti qu'un ennui poli.

La qualité des instrumentistes et des choristes des Arts Florissants n'est pas en cause : les premiers tirent le meilleur de leurs instruments d'époque, les seconds sont de haut niveau. Alors d'où vient que cette impession d'un concert lisse, sans ferveur?

Est-ce le quatuor de solistes, que j'ai trouvé anodin, notamment le contre-ténor?

Est-ce l'acoustique de la grande salle, qui se prête mal à ce genre d'instruments et de formation dans cette configuration "maxi"? Les vents, dès qu'ils n'étaient plus solistes, ne s'entendaient plus, le continuo d'orgue et le clavecin étaient avalés par les cordes, pourtant en petit effectif. Idem côté choeur: les pupitres de soprani étaient toujours en dehors, gênant les équilibres.

Ou alors est-ce cette esthétique "à la française" de William Christie, qui pour moi se prête mal à Bach, lui enlève sa flamme religieuse et le rend guindé comme une soirée emperruquée à Versailles?

Le fait est que durant toute la première partie (Kyrie et Gloria) j'ai baillé (et j'en ai vu beaucoup faire comme moi). Je ne me suis réveillée que pour le Credo, plus intense. Une déception que cette soirée dont j'espérai beaucoup. Dommage.

mercredi 23 mars 2016

Ecco la mia Venezia! | I due Foscari | Teatro alla Scala 22/03/2016

Une occasion de dernière minute m'a donc permis d'aller assister à l'avant-dernière représentation de "I due Foscari" de Giuseppe Verdi, dans la nouvelle production de la Scala, avec Luca Salsi en lieu et place de la star Placido Domingo, pour laquelle cette production a été créée.

Première constatation : la mise en scène d'Alvis Hermanis rend beaucoup mieux live qu'à la télévision. Les tableaux sont beaux, mouvants (ce voyage en gondole sur le Grand Canal!), superbement éclairés et l'ensemble, complété d'élégants costumes, est de très bon goût, même si éminemment traditionnel et avare de jeu d'acteurs. Beaucoup plus proche du Trovatore de Salzbourg que de la Damnation parisienne, et franchement ce n'est pas moi qui m'en plaindrai : pas de grandes questions à se poser sur le "concept" : c'est Venise, son lion de Saint Marc, sa lagune, son Pont des Soupirs et tout ce qui la rend unique et si chère au coeur du malheureux Jacopo Foscari, qui va en être exilé.

Côté chant, je n'ai rien perdu non plus à la présence d'un vrai jeune baryton Verdi plutôt qu'un ténor reconverti pour sa fin de carrière : les équilibres des ensembles en sont renforcés, la cohérence de l'oeuvre également. Que la majorité du cast soit, pour une fois dans le monde de l'opéra d'aujourd'hui, italien est encore un sujet de satisfaction : les couleurs, le style et la diction sont impeccables.

Dans le rôle titre, Luca Salsi m'a fait forte impression. Volume considérable, tessiture homogène avec de très beaux aigus, chanteur engagé et profondément émouvant, il parvient à rendre crédible son personnage de vieux Doge et mérite amplement l'ovation que lui réserve le public (jeune : c'était une soirée "moins de 30 ans") aux saluts.

À ses côtés, la soprano Anna Pirozzi ne manque pas d'atouts : elle a de la présence, de la puissance et du tempérament. Le timbre n'est pas à mon goût (pas assez de rondeur et d'angélisme) mais ça c'est personnel et pas forcément gênant pour cette femme en colère qu'est Lucrezia Contarini. Dommage que la plupart des aigus, s'ils passent aisément dans les ensembles, soient néanmoins émis en force, mais peut-être est-ce dû à la fatigue après une longue série de représentations? Reste qu'elle m'a émue, notamment dans le duo de l'acte 2, et qu'elle a su me rendre son personnage attachant.

Tous ceux qui me lisent savent que ma principale raison de vouloir voir cette représentation, outre l'oeuvre que j'aime beaucoup, était le ténor verdien du moment, Francesco Meli. Et bien, j'ai eu ce dont je rêvais : il était dans une forme éblouissante. Timbre de soleil, aigus radieux, diction superlative, souffle inépuisable, cantabile à tomber, osant toutes les nuances possibles, variant la dynamique... que dire? Vocalement anthologique. Bien sûr, ce n'est pas un acteur né : il a tendance à tout chanter à genoux ou la main sur le coeur à l'avant-scène, mais vu qu'Hermanis n'a de toutes façons pas prévu de demander autre chose aux chanteurs, cela ne se remarque guère. Et puis, Meli a une vraie affinité avec ces rôles mélancoliques (Jacopo Foscari, Werther...), bien plus qu'avec les rôles de bravoure. Il y est très attachant et crédible. Je rêve, encore une fois, de ce Don Carlo dont il parlait en 2014... peut-être pour la prochaine saison de la Scala avec Chailly?

Enfin, placée comme j'étais, j'ai eu l'occasion d'admirer la direction brillante de Michele Mariotti, qui en plus a des mains absolument magnifiques. Soyons tranquilles : la relève des chefs italiens dans Verdi est assurée! Il a une façon extraordinaire de faire vivre les ensembles, il ne couvre jamais les chanteurs, sait faire ressortir les nombreux petits bijoux de détails d'orchestration dont fourmille cette partition. Vraiment bravo. Mention spéciale au Choeur de la Scala, impressionnant d'autorité, et au clarinettiste solo (qui nous a gratifiés, pendant l'entracte, d'un extrait du concerto pour clarinette de Mozart que bien peu semblent avoir remarqué). Les comprimari étaient tous très bons, même si j'ai trouvé le Loredano d'Andrea Concetti un peu falot pour celui qui incarne la Némésis des Foscari.

Une soirée qui faisait honneur à ce Verdi des "années de galère" trop souvent négligé et qu'on voudrait entendre plus souvent sur les scènes françaises.

PS : je crois que je ne m'habituerai jamais à ce public scaligère, qui parle pendant la représentation, bat du pied et semble toujours dissipé. Mais bon, ils ont sans doute raison : l'opéra c'est la vie!

Crédits photos : Teatro alla Scala

dimanche 20 mars 2016

Il faut jouer plus de John Williams!

Je sors juste d'un concert dit "jeune public" consacré aux musiques de film de John Williams, avec en maître de cérémonie Laurent Petitgirard, dirigeant l'Orchestre Colonne et les Choeurs de l'OCUP.

Et bien, ma conclusion est qu'une fois encore, la preuve est faite que John Williams est une formidable porte d'entrée pour amener des publics nouveaux vers les concerts classiques!

Une salle pleine de gens de tous âges, allant des enfants qui ont reçu leur premier sabre laser à Noël à leurs parents, qui ont encore leurs figurines de Darth Vader de quand ils étaient petits... et même à leurs grands-parents qui ont accompagné au cinéma les gamins de ces deux générations. Et tous attentifs, heureux, riant aux saillies d'un Laurent Petitgirard très en forme, apprenant en s'amusant comment ce génial compositeur sait rendre un film inoubliable.

On ne joue pas assez cette musique formidable en France, une musique aussi brillante qu'elle et populaire. Alors Messieurs les programmateurs, il nous faut encore et toujours plus de concerts John Williams, et pas seulement les dimanches matins à 11h. Cette musique mérite d'être en tête d'affiche!

lundi 15 février 2016

Dies Magna! | Requiem de Verdi, Noseda, Philharmonie 14/02/2016

Vous me direz que j'ai de drôles de choix de sorties pour la St Valentin. Mais, s'agissant d'un des concerts de l'année, je me suis rendue avec joie hier après-midi à la Philharmonie, en famille, pour ce Requiem de Verdi, oeuvre que j'adore et voulais faire découvrir à mes enfants.

Et, bien que préparée aux déferlantes du Dies Irae, j'ai pris une "grosse claque". Concert fabuleux, intense de bout en bout, une heure trente de cataclysmes, de fureur, de lamentation... les larmes montaient au yeux tellement c'était grandiose.

Sous la direction hyper tendue de Noseda, à mains nues, le choeur et l'Orchestre de Paris ont donné tout ce qu'ils pouvaient donner. Je le redis, l'Orchestre de Paris est une de nos meilleures formations. Hier, il a été parfait. De son, de clarté, d'engagement (le basson soliste!)... Le choeur (amateur) n'était pas en reste: compensant une projection limitée par une précision sans failles, il a été tour à tour rugissant ou angélique, s'élèvant largement au niveau de certaines formations professionnelles, et en tout cas bien au-dessus d'autres choeurs amateurs dont on fait tout un plat (l'Orfeon Donostiarra par exemple).

Mais tout cela n'aurait pas fonctionné sans un quatuor de solistes exceptionnel. Dominé, comme il se doit dans cette oeuvre, par le mezzo miraculeux de Marie-Nicole Lemieux: elle a tout, les graves abyssaux et jamais poitrinés, les aigus lumineux, la théâtralité, l'âme... un miracle, vous dis-je. À ses côtés, une vraie révélation pour moi: le soprano éloquent d'Erika Grimaldi. Belle ligne, legato de grande école, justesse impeccable... et un Libera Me de flamme. Un duo de femmes équilibré comme rarement (là où on a trop souvent un mezzo qui "tube" et un soprano qui minaude ou détonne... cf la version de Maazel à San Marco). Les messieurs sont très bons aussi: Pertusi noble et sonore, phrasant avec émotion son Mors Stupebit, et Saimir Pirgu remarquable notamment de projection, même si un Hostias un rien maniéré (cette voix mixte...) et un Ingemisco manquant un peu de ferveur ont fait qu'il n'est pas totalement parvenu à me faire oublier ma déception de ne pas avoir eu droit à Francesco Meli, initialement prévu. Néanmoins, un très bel équilibre du quatuor de solistes, essentiel pour réussir cette oeuvre.

Ovation méritée pour une très grande interprétation. Ce Requiem par Noseda a fait une entrée météoritique dans mon panthéon!

Photos: Manuel Cohen, Aline Paley, Nacho Orejas

samedi 13 février 2016

Ça pétille à Séville! Il Barbiere di Siviglia | ONP 12/02/2016

Reprise heureuse que celle du spectacle imaginé par Damiano Michieletto, surtout en ces pluvieuses journées de février! Voilà une soirée qui devrait être remboursée par la Sécu tant on en sort heureux et plein d'entrain! Dans une grande maison qui tourne sur elle-même, tout un petit monde s'agite, vit, chante et danse avec un allant qui fait plaisir à voir et qui nous change vraiment du statisme d'autres mises en scène vues récemment à l'ONP. C'est un petit morceau d'Almodovar, un soleil d'Espagne, avec ses couleurs, ses bruits, des détails, de la vie... viva la Movida!

Dès l'ouverture d'ailleurs le ton est donné : dirigeant depuis son pianoforte, Giacomo Sagripanti nous ciselle une texture orchestrale pétillante, précise et légère, un vrai plaisir. Du Rossini champagne! La suite est du même tonneau: toujours attentif au plateau, Sagripanti ne couvre jamais les chanteurs, maintient l'équilibre entre ceux, comme Alaimo, capables de toutes les virtuosités et ceux, comme le jeune Figaro du jour (Alessandro Arduini), qu'il faut parfois attendre un peu pour éviter les décalages. De la bien belle ouvrage, quand on sait combien Bastille est inadapté à Rossini (Cenerentola la saison prochaine sera d'ailleurs donné à Garnier et c'est une très bonne chose).

Passons au cast: il est dominé par un couple d'amoureux splendides de jeunesse et de peps. Lui, Lawrence Brownlee, cascadeur autant par la voix (quel superbe "Cessa di piu resistere"!) que dans le jeu, dont on admire la classe, la manière dont il affronte crânement toutes les difficultés du rôle tout en grimpant, sautant, courant sans jamais montrer le moindre signe de fatigue. Chapeau bas. Elle, Pretty Yende, dont c'étaient les grands débuts à l'ONP, est une adolescente rebelle à peu près idéale, et une fantastique Rosina version soprano. Le choix est assumé: tout est broderies, variations,  coloratures et contre-notes. C'est beau, rond, délicat... et la chanteuse a un tel charme, qu'elle conquiert instantanément le public de Bastille, qui l'ovationne même en plein milieu d'"Una voce poco fa". Un conseil: allez l'entendre l'an prochain dans Lucia!
Grandioses aussi, le couple de compères Bartolo/Basilio. En docteur grincheux et abusif, le colossal Nicola Alaimo rappelle s'il était besoin qu'il est inégalable actuellement dans les rôles de basse-bouffe, avec notamment une virtuosité incroyable dans le duo avec Rosina, de la haute voltige! Ildar Abdrazakov, dont on connaissait déjà la voix de stentor, révèle ici une verve comique que personnellement je ne lui soupçonnais pas et qui explose dans cette mise en scène. Ces deux-là volent la vedette au rôle titre, le Figaro un rien timide d'Alessandro Arduini. La voix est jolie, bien conduite, mais elle n'est pas particulièrement remarquable et son Figaro dandy semble toujours en retrait: c'est Almaviva qui mène la danse, quand ce devrait être l'inverse... j'ai presque plus remarqué le beau Fiorello de Pietro di Bianco: joli timbre, puissance... j'espère le revoir bientôt dans un rôle plus important.

Je conclurai avec la (bonne) surprise de la soirée : la Berta géniale d'Anaïs Constans! En plus de très bien chanter son air, elle dessine tout au long de l'opéra un personnage de femme en mal d'amour désopilant, dont on applaudit le succès final quand elle parvient à attraper son homme. C'est une superbe performance d'actrice en plus de la performance de chanteuse.

Ovation méritée pour cette soirée anti-déprime où la musique de Rossini a été si bien servie!

PS: il est triste de voir encore une fois le chef, sur scène, saluer avant que les lumières se soient rallumées une fosse quasi vide. Messieurs-dames les musiciens de l'orchestre de l'ONP, par respect pour vos collègues artistes encore sur scène et pour le public qui vous applaudit, ne pourriez-vous attendre cinq minutes pour partir, que le rideau soit tombé? Franchement, on ne voit ça qu'à l'ONP, ça exaspère les habitués et surprend très défavorablement les néophytes. À bon entendeur?

Photos Opéra de Paris

jeudi 4 février 2016

Anna et Ludovic au firmament | Il Trovatore, Opéra de Paris 03/02/2016

Hier, c’était mon tour d’assister à ce Trovatore de Verdi qui s’annonçait comme la production de l’année à l’Opéra de Paris.

Je vous épargne une énième mention de la boutade de Toscanini, qu’en plus je trouve fausse : pour faire un bon Trovatore, à mon sens il faut avant tout de l’équilibre entre les quatres rôles principaux. Et hélas, c’est pour moi ce qui manquait à la soirée d’hier.

Je ne reviendrai pas sur la mise en scène d’Alex Ollé, que j’ai déjà vue à Amsterdam (http://dilettantecoloratura.blogspot.fr/2015/10/amour-et-vendetta-sur-fond-de-grande.html), bien qu’elle ait un peu évolué dans ses détails (Manrico entre sur un brancard au 2e acte ou n’est plus enchaîné au dernier acte; le costume de Leonora est beaucoup plus glamour au 1er...) et qu’il me semble que pour cette version parisienne un soin nettement moindre ait été donné au jeu d’acteurs (moins de répétitions ?).

Mais puisque j’ai deux versions de la même mise en scène en mémoire, je ne peux éviter la comparaison. Côté orchestre, Paris l’emporte nettement sur Amsterdam : le chef Daniele Callegari est beaucoup plus tonique que Maurizio Benini, les tempi sont vifs, l’ensemble est enlevé, même si j’ai parfois trouvé certains cuivres (notamment le cimbasso et les trompettes) trop en dehors. Côté chœurs par contre, match nul : je n’avais pas jugé les chœurs fabuleux à Amsterdam, mais force est d’avouer que Paris ne fait pas mieux : tout comme pour la Damnation de Faust, j’ai trouvé notamment le chœur d’hommes de l’ONP peu précis dans ses attaques, peu investi et somme toute un rien décevant, ce qui est dommage avec toutes les occasions de briller que leur fournit la partition. Côté "comprimari", rien à dire : ils sont très bien (Roberto Tagliavini était d’ailleurs déjà Ferrando à Amsterdam).

Venons-en donc au quatuor de solistes : et là, la production entendue à Amsterdam l’emporte largement, car beaucoup plus équilibrée. En effet, là où Giannattasio, Urmana, Meli et Piazzola formait un quatuor de voix d’un niveau égal, la production de l’ONP voit se détacher nettement deux protagonistes au détriment des deux autres. Cela n’étonnera personne : Anna Netrebko et Ludovic Tézier sont superlatifs. Elle, timbre de velours, alliant puissance, rondeur, art belcantiste, investissement , aigus diaphanes et graves sépulcraux : elle est incandescente. Ne lui manque qu’une diction un peu plus nette, mais je chipote. Lui, grand style, voix de stentor (qui a dit que Bastille est ingrat pour les voix graves ???), ligne impeccable, aigu d’une sureté absolue : il vole totalement la vedette au ténor au point qu’on ne comprend pas comment Leonora peut préférer Manrico à un tel Comte de Luna !

Et oui, car Manrico, hier soir, était aux abonnés absents ! Dès son entrée, Marcelo Alvarez bâcle, presse et phrase comme une mitrailleuse son "Deserto sulla terra". La suite du rôle le voit aride de timbre, dénué de ligne, le souffle court, marquant chaque aigu d’un coup de glotte, quand il n’est pas tout simplement décalé de plusieurs temps. Il se rattrape certes un peu en phrasant honorablement son "Ah, si, ben mio", mais pour rater ensuite colossalement sa Pira (je ne lui en veux pas, je déteste ce morceau que je ne trouve absolument pas représentatif de la vocalité du rôle). Tous ces problèmes techniques font qu’il dessine un personnage de brute un peu stupide, pas attachant pour deux sous et sans aucune alchimie avec les deux rôles féminins. J’en viendrais presque à regretter de ne pas avoir entendu Yusif Eyvazof, que je ne connais pas mais qui au moins aurait eu du feeling avec son épouse !

Seconde déception du cast : l’Azucena d’Ekaterina Semenchuk. La voix n’est absolument pas en cause : elle est grande, belle, puissante sur toute la tessiture et bien conduite. C’est le personnage qui pêche. Or c’est un personnage central (Verdi avait un temps songé à appeler son opéra "La Bohémienne") et donc il manque clairement quelque chose à la dramaturgie. Là où Urmana campait une mère abusive, immense, dantesque, manipulant comme un enfant son Manrico, Semenchuk dessine une gitane en retrait, presque fragile. Enfermée dans sa folie, elle n’en impose pas... au point qu'il m'a fallu au moins trente secondes pour la repérer au début de "Stride la vampa"! Est-elle encore foncièrement trop jeune pour le rôle ? Cette superbe Eboli ou Amneris est peut-être encore trop "femme amoureuse" dans l’âme pour faire une mère crédible. Elle gagnera je pense à être entendue à nouveau dans le même rôle, mais dans 10 ans!

Pour vous faire votre avis, je vous recommande donc de ne pas rater la diffusion dans les cinéma UGC le jeudi 11 février ou sur Mezzo Live HD le 18 février. Et puis, la performance magnifique d’Anna Netrebko et Ludovic Tézier en vaut vraiment la peine!

Photos: Charles Duprat | Opéra National de Paris

jeudi 21 janvier 2016

We All Love Hilary!

Une semaine plutôt chargée ne m'a pas permis de vous faire avant ce soir un compte-rendu de mon concert de lundi.
Il sera bref. Programme de la soirée : concerto pour violon de Dvořák avec la grande Hilary Hahn, puis 4e symphonie de Brahms par les Wiener Symphoniker et leur chef pigiste du soir, le jeune Lahav Shani, remplaçant Philippe Jordan indisposé à qui l'on souhaite un prompt rétablissement (ceci explique peut-être son Berlioz anémique de décembre).

Après une ouverture "Carnaval" de Dvořák très oubliable, conventionnelle et dzing boum boum, arrive Hilary, habillée presque en tsigane pour l'occasion. Le concerto pour violon de Dvořák n'est certes pas mon concerto pour violon préféré, mais Miss Hahn est toujours aussi exceptionnelle de ligne, de justesse et d'engagement. Je suis beaucoup moins convaincue par le chef qui certes s'agite beaucoup mais sans pour autant transmettre à l'orchestre l'énergie qu'il faudrait pour être au niveau de la soliste. En outre, quelques attaques imprécises chez les vents et cuivres et une tendance à jouer trop fort et à couvrir la violoniste m'ont un peu chagrinée. Belle ovation néanmoins pour Hilary, bouquet de roses blanches et deux merveilleux Bach en bis, rappelant le choc que fut son 1er disque consacré aux oeuvres pour violon seul du Cantor de Leipzig.

Après la pause, place à la 4e symphonie de Brahms. Que je regrette la Rhénane de Schumann initialement prévue et pour laquelle j'avais choisi ce concert! Hélas, le forfait de Jordan et la probable méconnaissance de cette oeuvre par le jeune Shani m'en ont privée. Hélas, car j'ai toujours des sentiments ambivalents avec Brahms. "Aimez-vous Brahms?" Et bien, ça dépend. Autant son Requiem Allemand est pour moi un chef d'oeuvre absolu, autant je n'accroche pas au reste. Ça vaut pour cette 4e symphonie, qui est certes belle mais ne me procure aucune émotion. Et interprétée comme ce lundi soir, c'est à dire par un orchestre bon mais pas transcendant et un chef un peu vert, j'ai trouvé ça un rien ennuyeux.

Ce ne fut pas ma plus grande soirée à la Philharmonie, mais quand même "we all love Hilary!"

lundi 11 janvier 2016

In memoriam David Bowie

Je ne pensais pas écrire, à si peu d'intervalle, deux billets d'hommage à deux de mes idoles.

Après Pierre Boulez, voici que 2016 nous enlève David Bowie...

Je refuse de parler de lui au passé.

Je continuerai à chanter ses chansons et à improviser des variations pour colorature sur Life On Mars.

Furyo restera un de mes films cultes, le maquillage bleu électrique quelque chose que j'aimerai réussir un jour, le Reality Tour le plus grand concert de pop de ma vie.

Some figures never leave you.

Ground Control loves you, Major Tom.

mercredi 6 janvier 2016

Goodbye Maître | in memoriam Pierre Boulez

Sadly, my first blog post in English will be an obituary. I always felt more confortable expressing my feelings in that language, and it is best suited to tell you how very sad I feel today.

From my beginnings as a classical music lover, I have admired Pierre Boulez. He was almost a grandfatherly figure to me. I called him "Dieu" as a jest and collected his recordings of XXth century music and his autographs.

Well, he has departed for the Walhalla of musical gods. As a composer, he leaves a great void in the world of contemporary music and, as a conductor, an even bigger void in the world of classical music. Yet his legacy is so great that I am confident he will not be forgotten. Great ones seldom are. What is certain is that I will never forget him.

As I write these few clumsy words, I think back on the last time I met him, about 7 years ago on a train to Antwerp. I was on business trip and had bought some musical magazine I usually don't buy, just because HE, "Dieu", was on the cover. And suddenly, there he was, seated a few seats away from me, discussing a score with three other people. Much to the astonishment of my colleagues (I work in insurance, see...), I got as excited as a teenager and, after waiting for the appropriate moment to make sure I disturbed the Maître as little as possible, I went to him, my magazine in hand, and asked for his autograph. He looked surprised, but he smiled and signed the cover picture. He had an almost malicious twinkle in his eye. I mumbled a "merci Maître" and went back to my seat, clutching my trophy, red in the cheeks and as happy as if Christmas had come early.

I will treasure that memory, as I treasure his recordings of Ravel, Debussy, Stravinsky, his Wagner Ring with Chéreau... but also his own works, which appealed to me although I do not claim to understand anything about them.

Goodbye, Maître, and thank you.

vendredi 1 janvier 2016

En avant pour 2016!

C'est la nouvelle année, que je vous souhaite pleine de musique, de chant, de découvertes et de bonheur.
Tout comme l'année passée, où j'avais listés sur ce blog 5 voeux et résolutions dont 4 se sont réalisés ou ont été menés à bien, je fais donc la liste de ce que je voudrais accomplir pour cette année 2016.

1) Me remettre sérieusement à l'écoute de Tristan et Isolde et de Meistersinger, pour arriver enfin à les apprécier! Si certains (allô la #TeamWagner) ont des versions (si possible DVD) à me recommander...

2) Organiser un week-end à Gênes, ville dont tous m'ont dit qu'elle est extraordinaire, et découvrir le Teatro Carlo Felice, où un certain ténor que j'adore chante souvent en régional de l'étape! (Mario! MARIO! MAAAAARIO!)

3) Essayer de me remettre à chanter un peu plus régulièrement. Si mes laryngites à répétition m'en laissent le loisir, bien sûr!

4) Continuer à partager ma passion pour l'opéra et la musique classique avec mes collègues et amis, que j'arrive progressivement à convaincre d'acheter leur premier billet, et qui y reviennent, enthousiastes! Mais aussi avec mes enfants, car le public de demain se forme dès le plus jeune âge. Pour Gremlin 1, ce sera, entre autres, la Trilogie Populaire de Verdi, et pour Gremlin 2 (qui aura bientôt 8 ans), un Requiem de Verdi avec Noseda, une Turangâlila symphonie et un concert Star Wars!

5) Faire progresser ce blog, en y rajoutant des critiques de films, de pièces de théâtre, de CDs et DVDs, de livres, et plus seulement en français, l'anglais va faire également son apparition!

BONNE ANNÉE, HAPPY NEW YEAR, BUON ANNO, etc!