mardi 30 décembre 2014

Mes voeux pour 2015

En cette nouvelle année, je forme par écrit mes bonnes résolutions et souhaits pour 2015, ce qui me permettra dans un an de voir combien des premières ont été tenues et combien des seconds réalisés.

Les voici :

1) Avoir écouté TOUTES les oeuvres de Verdi. Avec l'aide de YouTube, c'est en bonne voie. Normalement, d'ici mars, c'est fait!

2) Voir Francesco Meli live. Peut-être en juin dans Carmen à Milan, si je peux me caler un déplacement à ce moment là, ou qui sait, pour la saison 2015-2016 de l'Opéra de Paris?

3) Me réabonner audit Opéra de Paris. Pour ne pas rater le Trovatore de Netrebko qu'on nous promet en décembre 2015 et le Lohengrin de Kaufmann dont tout le monde parle!

4) Profiter à fond de mon abonnement à la Philharmonie de Paris, et partager avec vous mes impressions suite à ces concerts. Au programme : beaucoup de Berlioz, Esa Pekka Salonen, Sabine Devieilhe, Franco Fagioli et quelques beaux concerts symphoniques et de musique sacrée.

5) Passer le réveillon 2015 à la Fenice. Pour passer une dizaine, il me faudra bien ça...

Et encore et toujours, aimer la musique et les artistes et vous faire partager mes bonheurs!

BONNE ANNÉE 2015 À TOUS!

dimanche 28 décembre 2014

Petit catalogue des oeuvres oubliables (ou pas). I Lombardi alla prima crociata - Verdi

Je continue ma découverte de certaines oeuvres du corpus verdien que j'avoue globalement ignorer. Parfois je tombe bien (I due Foscari, qui est pour moi un chef d'oeuvre méconnu), parfois moins. C'est le cas pour I Lombardi.

Je ne connaissais que deux extraits de cet opéra, le fameux air "La mia letizia infondere" et le duo Oronte/Giselda, que j'avais découvert dans l'album "Verdi per due" d'Alagna et Gheorghiu. Les deux sont fort beaux, aussi me disais-je hier soir que cette version du Regio de Parme trouvée sur YouTube et faisant partie de l'intégrale Verdi du label C-Major, était de nature à me faire passer une bonne soirée.

Et bien en fait, non. I Lombardi n'est pas un chef d'oeuvre, il est peu joué pour de bonnes raisons et franchement je n'irai pas le réécouter.

Tout d'abord, l'intrigue est si inepte (vendetta sur deux générations, coïncidences ridicules, ermites, conversions, assassins et autres anathèmes) qu'à côté, même celle de Trovatore est cohérente! Ce n'est pas peu dire. Les personnages n'ont aucun profil psychologique, ce ne sont que des archétypes (héroïne en détresse, ténor amoureux, traître basse...), donc on remballe toute direction d'acteurs. Du coup, impossible d'en faire une mise en scène qui soit autre chose qu'un statistique troupeau de chanteurs devant un fond, avec des costumes plus ou moins exotiques.

Ensuite, la musique n'est vraiment pas du meilleur Verdi: et que je te fais sonner la fanfare, et dzing bloum bloum et oumpa-pah pour finir les morceaux. Ça lasse. Et puis quelle idée de mettre deux rôles de ténor dans un même opéra, m'enfin??? Alors oui, il y a de très beaux choeurs (les choeurs sont même à mon sens le principal personnage de l'oeuvre), un ou deux beaux airs, un beau duo, une belle scène de décès du ténor précédée et accompagnée d'un magnifique solo de violon... mais c'est un peu maigre quand même!

Cela dit, la version C-Major n'est pas mauvaise, loin de là. C'est bien chanté, Dimitra Theodossiou a la voix qu'il faut pour le rôle (il faut une Abigaille), Pertusi en impose malgré un maquillage bien ridicule, Meli réussit toutes ses scènes, qui sont autant de "crowd pleasers" et se taille un franc succès à l'applaudibravomètre. Et le choeur du Regio de Parme est somptueux. Mais à tout prendre, je préfère largement Nabucco.

Vous ne connaissez pas non plus cet opéra et voulez le découvrir aussi et vous faire votre avis? Voici le lien. Je vous préviens, c'est sous-titré en batave et en décalé en plus, c'est un peu pénible le temps de s'habituer.

Verdi - I Lombardi alla prima crociata - Callegari : http://youtu.be/SEZtcTIbHPk

À bientôt pour une prochaine découverte!



vendredi 26 décembre 2014

Le crossover, ce fléau?

Donc hier Jonas Kaufmann est venu chanter ses opérettes des années 30 dans le show d'une bimbo blondasse sur la télé allemande. Il a même fait un duo avec elle. Et que je te fais des oeillades langoureuses, et des sourires en coin... franchement, je déteste. Il y a 15 ans, les 3 ténors me sortaient par les yeux, les Mariano d'Alagna m'ont bien saoulée... et maintenant c'est Jonas qui s'y met! AU SECOURS!

Voici l'objet du délit : Jonas Kaufmann & Helene Fischer : http://youtu.be/oIo-Z7-RLFs

De façon générale, je ne suis pas crossover. Peu de tentatives ont été couronnées de succès. Je n'en sauve que 3, les voici:

- Anne Sophie Von Otter et Elvis Costello, album "For The Stars"
- Sting qui chante Dowland
- Miss Sarajevo de U2/Pavarotti

Le reste beurk, beurk et archi beurk.

Pour la nouvelle année, je forme donc le souhait que M. Kaufmann arrête de se prendre pour un crooner barytonnant et se rappelle quel merveilleux ténor d'opéra il sait être, quand il le veut.

dimanche 21 décembre 2014

Fidelio à la Scala de Milan, version Live

Voilà. C'était hier, ma première soirée à la Scala, pour un de mes opéras préférés : Fidelio de Beethoven.

Mes espérances étaient grandes après une première en demi-teintes vue à la télévision, avec un Vogt pas en forme qui se fit porter pâle à la représentation suivante (remplacé pour une pige de luxe par Jonas Kaufmann). Et bien elles ne furent pas déçues, j'ai passé une merveilleuse soirée.

Dès l'ouverture, pourtant pas ma préférée (Léonore 2), la sonorité de l'orchestre, portée par cette merveilleuse acoustique de la Scala (à côté de laquelle Bastille donne envie de pleurer), m'a prise aux tripes. Barenboim sait faire vivre Beethoven, ce n'est pas un scoop, quel rythme, quelles couleurs!

La mise en scène ne me dérange pas, je l'ai déjà dit. Si elle ne m'emballe pas particulièrement, elle fonctionne pour moi, je ne la trouve ni laide ni incohérente. En plus, le plateau rend mieux en vrai qu'à la télé. Les effets de lampe de poche au 2e acte sont particulièrement réussis. Et puis la direction d'acteurs est soignée.

Côté chanteurs, je ne suis toujours pas emballée par Mojca Erdmann. La voix est petite, mais ça ne me dérange pas en soi, ce qui me gêne c'est qu'elle est monochrome et que la chanteuse n'a pas d'idées (Bonney, avec une voix également petite, faisait autre chose du rôle!). Son "Oh wer ich schon" est ennuyeux. Oui, elle est jolie et crédible scéniquement, mais ça ne fait pas une Marzelline. Florian Hoffman est bien, je n'ai pas grand chose à en dire, Jacquino est un rôle si ingrat! Je jugerai quand je l'entendrai dans autre chose.

Falck Struckmann toujours affreux: beuglements, Sprechgesang, tout triple forte... ce n'est pas de la musique. "Welch ein Augenblick" mérite autre chose. Kwanchul Youn chaleureux, bien chantant, émouvant. Très beau Rocco, plein de tendresse. Mattei royal, superlatif pour un rôle aussi mineur que Don Fernando.

Passons à nos 2 héros. Kampe n'a pas la voix que je préfère pour ce rôle, je trouve qu'elle manque de métal, notamment dans les ensembles, mais quel investissement! Son Fidelio est crédible scéniquement, elle est engagée, s'arrache, se donne à fond et émeut. J'admire la performance et le don d'elle même de cette magnifique artiste. Klaus Florian Vogt, très en dedans à la Prima, est de retour en forme. Son "Gott" immatériel et le "In des Lebens Frühlingstagen" qui suit sont très réussis, passant sans souci au dessus de l'orchestre, volume et souffle retrouvés, tenant sans difficulté la fin de l'air où tant de ténors peinent. Très émouvant, vraiment. Alors oui, le phrasé est toujours un peu raide, mais c'est un péché mineur. Une bien belle interprétation. La réunion des deux protagonistes dans "Oh namenlose Freude" fut un grand moment, même si encore une fois la mise en scène les fait chanter ce duo à 5 mètres l'un de l'autre. Ils finissent quand même par se tomber dans les bras!

Le choeur final emporte toutes les réserves qui pouvaient rester. La joie, l'allégresse, les applaudissements... et on sort de ce merveilleux théâtre avec un grand sourire et des étoiles plein les yeux, en rêvant de vite y revenir!

mercredi 17 décembre 2014

Billet d'humeur

Mais que c'est saoulant quand on se promène sur YouTube de lire tous ces commentaires de gens aigris qui ne sont capables que de dire d'une soprano: "c'est pas la Callas", d'un ténor: "bring back Luciano" ou d'une basse: "méeuh avec Siepi c'était mieux"!

On ne peut pas, une fois pour toutes, en finir avec les comparaisons à "un sequino" et les "c'était mieux avant"? Mais bon sang, si les chanteurs actuels ne vous plaisent pas, ne les écoutez pas, restez-en à vos vieux vinyles, voire vos vieilles cires et n'en dégoûtez pas les autres!

Moi je me satisfais des chanteurs que nous avons, en acceptant leur singularité, leurs défauts et leurs qualités. Je ne compare pas, c'est stérile, et surtout, l'opéra est pour moi une joie et un plaisir de (presque) tous les instants, et c'est là sa vocation: donner à entendre et à voir du bonheur.

Alors Messieurs les grincheux, "Buonasera, buonasera!"

lundi 15 décembre 2014

Maudits les innocents - création jeune public à l'Opéra de Paris (15/12/2014)

Une fois n'est pas coutume, je laisse aujourd'hui la plume à ma fille aînée, qui a assisté à la création de cette oeuvre à plusieurs mains (jeunes compositeurs du CNSM de Paris) à l'Amphithéâtre de l'Opéra Bastille.

''J'ai aimé cet opéra. La musique n'est pas comme celle qu'on entend tous les jours: l'orchestre était petit: une flûte, une harpe, des cordes, un xylophone, une trompette... et les instruments faisaient des bruitages, des grincements, des cordes pincées, des percussions... J'ai trouvé ça un peu bizarre mais amusant.

L'histoire est triste: ça raconte comment au Moyen Âge des enfants, Nicolas et Étienne, rassemblent une troupe d'autres enfants pour partir en Terre Sainte depuis la France et l'Allemagne. Leur voyage à pieds est long et difficile, le Pape Innocent III n'est pas d'accord avec leur Croisade parce que ce n'est pas lui qui l'a organisée et il décide de les arrêter en leur fermant toutes les abbayes pour les empêcher trouver de la nourriture. Mais les enfants continuent leur route, montent en bateau en Méditerranée et font naufrage dans une tempête.

Les chanteurs étaient bien, notamment la mezzo qui chantait une des mères (Cornelia Oncioiu) et j'ai surtout apprécié la maîtrise: ils chantent vraiment bien pour leur âge! J'ai été impressionnée par les interventions du récitant (Didier Sandre) à la fin de chaque acte, qui racontait les événements qui ont lieu en même temps que les enfants poursuivent leur chemin: il dit vraiment bien son texte!

La mise en scène et les costumes étaient contemporains, les enfants étaient habillés comme nous, en jean et baskets, mais ça ne m'a pas dérangée. J'ai trouvé que c'était un beau spectacle."

mardi 9 décembre 2014

Anna au Donbass

Anna Netrebko a-t-elle vraiment voulu soutenir les indépendantistes du Donbass ou s'est-elle fait instrumentaliser en voulant soutenir des amis musiciens de Donetsk? Le fait est que la photo au drapeau fait beaucoup réagir sur les réseaux sociaux.

Son équipe de relations publiques a immédiatement réagi en publiant un communiqué sur sa page Facebook, mais il n'est pas certain que cela suffise à calmer les critiques.


Personnellement, je serais encline à croire à la seconde explication, ne serait-ce que pour l'air gêné d'Anna sur la photo. Elle a été peu avisée dans son geste de solidarité, elle aurait pu donner soit plus discrètement soit à meilleur parti, Unicef ou autre.

Par contre, les appels au boycott qui ont suivi sont ridicules. Personne n'est réellement lèsé par ce geste, si ce n'est Anna Netrebko elle-même. On n'est pas comme pour Tamar Iveri dans le cas d'une insulte publique à toute une communauté. Sachons raison garder.

Anna Netrebko est une grandissime artiste, espérons juste qu'elle fera preuve de plus de jugeote à l'avenir.

lundi 8 décembre 2014

Premières impressions sur le Fidelio de la Scala (#PrimaScala sur Arte)

J'ai donc craqué, et sans remords. J'ai regardé le live de la Prima sur Arte, sachant que la représentation à laquelle j'assisterai bientôt sera forcément très différente, ne serait-ce que parce que j'ai une écoute beaucoup plus attentive dans une salle d'opéra que devant la télé. Voici quand même mes premières impressions.

La mise en scène fonctionne pour moi. Le travail de Deborah Warner se tient, ne cherche pas inutilement à "choquer le bourgeois", va au bout de sa logique et surtout respecte le livret. Alors oui ils sont en jogging et baskets, mais franchement je les préfère comme ça que nus et se roulant par terre version Eurotrash!

La Fidelio/Léonore de ce soir, Anja Kampe est une bien belle héroïne, le travestissement fonctionne très bien, l'artiste est investie dans le rôle et en maîtrise toutes les facettes. Je préfère a priori une voix avec plus de métal, mais comme on n'a pas à la télé les moyens de juger de la part de la prise de son, je réserve mon opinion définitive pour le live.

La même chose vaut pour Klaus Florian Vogt. J'ai trouvé la ligne heurtée et les respirations bizarrement placées dans son "In des Lebens Frühlingstagen" mais il n'était pas aidé pas le tempo lent de Barenboim. Le timbre clair ne me gêne pas, je l'ai déjà dit. Le volume semblait un peu limité, encore une fois c'est peut être la prise de son, car mes souvenirs de Vogt en live sont ceux d'une voix qui remplit aisément la salle. En revanche je n'ai pas aimé sa façon de crier les dialogues, je les aurais aimé plus intériorisés. Mais dans l'ensemble une performance qui ne m'a pas déplu.

Par contre, Marzelline n'est pas une soubrette. Il serait bon de s'en souvenir avant de monter un cast. Elle est mimi Mojca Erdmann, elle chante joliment, mais j'entends Blondchen. Sur Florian Hoffman et Kwanchul Youn je n'ai pas d'opinion tranchée pour le moment.

Dans les j'aime pas il y a le Pizarro beuglé de Falck Struckmann, éructé de bout en bout. Ok c'est un méchant mais ça n'empêche pas la finesse. Pas de grands espoirs d'amélioration de ce côté là hélas. De même, pourquoi choisir Léonore II en ouverture? Ça ne pulse pas du tout pour une entrée en matière, je la trouve plus à sa place entre les 2 actes...

Heureusement, l'orchestre et les choeurs de la Scala sont toujours aussi superbes. Quel final! Vivement le live!

PS: j'ai trouvé les loggionisti bien sages. Leurs indignations s'expriment visiblement plus quand il s'agit d'opéra italien!

photos Teatro alla Scala

dimanche 7 décembre 2014

Wishlist de Noël

Chers parents et amis,

Ayant le bonheur de cumuler Noël et anniversaire en ces fêtes de fin d'année, je me permets, pour éviter de stocker dans mes placards des CDs et DVDs que je n'écouterai jamais mais n'ose pas jeter ni revendre (exemple de l'an passé: l'immonde CD Michel Legrand de Natalie Dessay), de prendre les devants et de faire une liste de ce qu'on peut m'offrir et de ce qu'il convient d'éviter absolument. Si ma famille peut avoir l'idée de lire ce post...

LES "J'AIME PAS" À NE M'OFFRIR SOUS AUCUN PRETEXTE:

- Natalie Dessay de l'opéra à la chanson: celui-là si quelqu'un ose je le lui fais avaler!
.

- Le Christmas in New York de Renée Fleming. J'ai trop de respect pour Renée pour vous dire ce que je pense de ce machin.

- Le même machin de Noël version encore plus kitschouille et mauvais goût signé Angela Gheorghiu (Gardian Angel - noter le jeu de mots pourri). Il y a un too much même au too much!


LES "J'AIME", DE ♡♡♡ À ♡. VOUS POUVEZ Y ALLER SANS CRAINTE, SUCCÈS GARANTI!

- Le DVD de Anna Bolena avec Netrebko, Garança, d'Arcangelo et Meli. Parce que c'est beau et que la production est superbe. Et puis Francesco et Trebs... ♡♡♡

- Le DVD d'Elektra version Salonen / Chéreau. Une révélation, et il est accompagné d'un super livre. ♡♡

- Une baby-sitter pour garder ma fille cadette le 29 janvier pour que je puisse aller voir Jonaaaas dans Andrea Chénier au ciné près de chez moi ♡

Voilà. Je croise les doigts pour que ceci soit lu avant l'arrivée des fêtes!

samedi 6 décembre 2014

Simon Boccanegra, Fenice 2014 (diffusion tv). Deux confirmations et deux découvertes

J'ai eu, tout à fait par hasard, l'occasion de visionner à la suite deux versions de Simon Boccanegra. Les casts sont similaires, l'écart entre les deux productions d'à peine un an. Et pourtant, le ressenti n'a rien à voir. L'une, Muti à Rome en 2013, laisse un sentiment d'inachevé, d'empesage, d'absence d'émotion; l'autre, Chung cette année en ouverture de la Fenice, emporte tout sur son passage: une révélation.

Premier facteur: la mise en scène. Celle de De Rosa à la Fenice libère les corps des chanteurs, leur permet de se trouver autrement que côte à côte, d'où l'intensité et le drame. Rajouter le travail superbe sur les vidéoprojections, les lumières et les mouvements de foule et vous avez un ensemble absolument irréprochable. Une vraie réussite. À côté, la mise en scène figée, corsetée de Rome, si elle n'est pas laide en soi, bridait tout jeu d'acteur, ne distillant que l'ennui.

Second facteur: le chef. Muti est fidèle à la lettre verdienne, certes, mais il crispe visiblement les chanteurs qui jettent sans cesse des regards vers la fosse. Chung, tout en proposant une vision tout aussi accomplie de l'oeuvre, les accompagne, les sertit dans un écrin orchestral miroitant, leur permet d'être vraiment ensemble dans la musique, pour un résultat émouvant et extrêmement cohérent.

Passons au cast. Deux confirmations. Premièrement, Maria Agresta est la plus belle Amelia que j'ai entendue depuis Freni. Elle a tout: la couleur de spinto, les aigus filés, les graves assurés. Elle passe avec une aisance confondante de l'angélisme à l'autorité, de la prière à l'imprécation. Elle dessine un personnage aussi attachant que subtil, son jeu étant quant à lui libéré du carcan du costume XVIe de Rome. Bravissima.

Secondo, Francesco Meli est un très bel Adorno. Son personnage de jeune homme fier, fougueux et emporté réussit à rendre sympathique et attachant cet amoureux un peu niais qu'est Adorno. L'incarnation vocale, moins tendue qu'à Rome, a muri, avec des phrasés toujours nobles et une grande palette de nuances. Il est également ici beaucoup plus émouvant qu'à Rome, son "Dammi la morte" à genoux devant le Doge est simplement déchirant. Bravissimo anche lui.

Et donc, deux découvertes (du moins pour moi). La première, le Paolo de Julian Kim. Voix noire, pleine d'autorité, italien précis... ce jeune chanteur tire de son rôle modeste un personnage de traître amoureux passionnant, préfigurant Iago. Rarement Paolo aura autant existé sur scène. Remarquable et définitivement à suivre.

La seconde (je garde le meilleur pour la fin): le rôle titre. Là où le Doge de Petean m'indifférait à Rome, celui de Simone Piazzola, même pas 30 ans (!), est tout simplement enthousiasmant. Son physique d'empereur romain, sa voix claire et sonore lui permettent de passer avec crédibilité et autorité du jeune homme amoureux du prologue au Doge / père des 3 actes suivants. Quelle maturité, c'est sidérant. Il alterne sans problème la tendresse dans le duo avec Amelia et la puissance du "e vo gridando pace" de la salle du trône. Il fait tout le prix de ce Boccanegra vénitien et j'ai hâte de pouvoir un jour l'entendre live... pourquoi pas à Paris? Mention spéciale pour le Fiesco de Prestia, très bien phrasé et qui fait penser à Van Dam. Ses scènes avec Piazzola sont de vraies réussites.

Pour finir, je vais jouer à mon petit jeu de l'impresario et faire un voeu (après tout, c'est bientôt Noël). Puis-je rêver qu'un théâtre aura l'idée de prendre le même cast et d'en faire un Don Carlo? Meli dans le rôle titre, Agresta en Elisabetta, Piazzola en Posa et Prestia en Filippo, plus une Eboli de valeur, on aurait une distribution aussi cohérente que superbe. Je croise les doigts!