dimanche 29 mars 2015

Orchestre en Fête avec Carmina Burana

Lors de ce week-end "Orchestres en Fête", on donnait à la Philharmonie de Paris les Carmina Burana de Carl Orff, avec l'Orchestre Philharmonique du Luxembourg.

J'ai beaucoup chanté cette oeuvre, que je connais pas coeur, mais c'est la première fois que je l'entends en tant que spectatrice en version avec grand orchestre et non en version pour 2 pianos.
Sous la direction claire et précise de Pierre Cao, le Philharmonique du Luxembourg fait de très belles choses, d'autant plus que pour ce concert, il accueille grâce à l'opération "side by side" des étudiants des Conservatoires du Luxembourg, à qui cela donne l'occasion de se produire en formation dans un vrai concert symphonique. Il y a notamment des jeunes talents très prometteurs chez les percussionnistes et les vents: le son est beau et c'est très en place. Encore une fois on a la preuve qu'en tirant les jeunes vers l'excellence, comme c'est la mission des conservatoires, on obtient de très beaux résultats. Les tenants de ce dogme imbécile de l'égalitarisme à tout crin qui actuellement, à la Mairie de Paris, en ont après les conservatoires, auraient dû venir y jeter une oreille!

Je tiens particulièrement à souligner la très bonne prestation du Choeur Symphonique de Grande Région, remarquable de rythme, de clarté, d'engagement et de justesse. De même, les interventions des Puerin Cantores du Conservatoire de la Ville de Luxembourg n'appellent que des éloges : c'est juste, en place et d'une jolie couleur.

Côté solistes, on retiendra le beau soprano de Rosa Feola, prix du public du concours Domingo 2010, qui a toute l'assise dans le médium nécessaire pour bien chanter cette partie que l'on réduit trop souvent aux suraigus du Dulcissime. Baryton passable en la personne de Rodion Pogossov, qui commence bien mais s'essoufle dans la 2e partie, avec notamment un falsetto très perfectible dans le Dies, Nox et omnia. Déception en revanche avec le ténor étranglé d'Alexander Kaimbacher, de surcroît pas très drôle en cygne roti.

Le public, nombreux pour ce concert très accessible en termes de prix des places (12 € pour un adulte, 8 € pour les moins de 15 ans) passe en tous cas une très bonne fin d'après midi et fait un triomphe aux musiciens, qui bissent le O Fortuna final. Et mes 2 enfants, emmenés pour l'occasion, étaient ravis!

lundi 16 mars 2015

Bon, puisqu'on me le demande...

Vous êtes un certain nombre à avoir demandé à m'entendre chanter.

Vu que je ne suis pas timide, sinon je ne serais pas soprano, j'accepte. Sachant que j'ai enregistré ça ce soir avec mon Smartphone, en rentrant d'une journée de boulot, a capella, et que je ne travaille plus ma voix que sous la douche.

L'air est archi rabâché mais on chante le Puccini qu'on peut!

Lien ci-dessous: O mio babbino caro.
https://www.dropbox.com/s/l1y1nmilu5815vz/Vocal%20004.m4a?dl=0

Biz et rangez les verres en cristal de grand-maman!

dimanche 15 mars 2015

Les voix du cinéma

Petit billet faisant suite à une réflexion personnelle sur les timbres de voix des acteurs de cinéma. Plus encore que leur talent ou leur physique, c'est toujours ça que je retiens chez un acteur. Ci-dessous ma petite shortlist des "voix" du cinéma d'hier et d'aujourd'hui, version Top 5 avec indication de tessiture.

Acteurs d'hier:
- Laurence Olivier (baryton ou ténor, selon l'âge du rôle...)
- Gérard Philipe (ténor)
- Katherine Hepburn (mezzo-soprano)
- Vivienne Leigh (soprano)
- Jeanne Moreau (alto?)

Acteurs d'aujourd'hui:
- Cate Blanchett (mezzo)
- Richard Armitage (basse)
- Benedict Cumberbatch (basse)
- Kenneth Branagh (ténor)
- Helena Bonham-Carter (mezzo-soprano)

Et depuis hier soir, je rajouterai Aidan Turner, un bien beau timbre de basse.

Conclusion : toutes ces "voix" notables du cinéma sont avant tout des voix de théâtre, notamment shakespearien. CQFD: la technique vocale ne s'apprend qu'à la scène.

mercredi 11 mars 2015

Chostakovitch et falbalas!

Soirée de gala hier à la Philharmonie de Paris, pour la venue d’Anne-Sophie Mutter et de l’orchestre du Concertgebouw, sous la direction d’Andris Nelsons : le directeur de la Philhar’ était au 1er rang du balcon, aux côtés de Gautier Capuçon et tout le monde s’était mis sur son 31. Il faut dire qu’il y avait de quoi, vu les interprètes et le programme (concerto pour violon de Sibelius et 10e symphonie de Chostakovitch) et le résultat fut largement à la hauteur des attentes !

Sculpturale dans un fourreau de satin noir à bustier libérant ses magnifiques épaules, brushing blond au vent, la grande Anne-Sophie déployait toute la passion de son jeu hyper romantique, dans un concerto-duel avec l’orchestre, survolté par la direction très dynamique de Nelsons. Habituée à la sobriété de Salonen dans ce répertoire, j’eus un peu de mal à adhérer au début à cette vision très contrastée de l’œuvre, mais au final, après la surprise initiale, je dois dire que ce fut une bien belle exécution. Bon, j’avoue, c’était la première fois que je voyais ce chef live et j’ai été un peu déconcertée par sa direction très physique : il m’est arrivé plus d’une fois pendant le concerto de me demander s’il n’allait pas, au détour d’un des amples mouvements de ses longs bras, éborgner sa soliste ! Heureusement pour le beau visage de Mutter, il est droitier et elle était à sa gauche ! Justement ovationnée à la fin de sa performance, elle revint et nous gratifia, en bis, d’une partita de Bach de toute beauté.

Après la pause, la phalange batave, renforcée d’instrumentistes supplémentaires, enchaînait sur la 10e de Chostakovitch. Je ne suis pas une grande connaisseuse de ce compositeur (hormis le concerto avec piano et trompette, quelques préludes et la Valse), mais live et avec un tel orchestre ça décoiffe ! Mon Chosta-maniaque de mari m'ayant coachée sur l’œuvre depuis plusieurs jours, je repérai sans problèmes dans les mouvements la « signature » du compositeur : D-(e)S-C-H (ré, mi bémol, do, si), déclinée sous toutes les formes, notamment aux timbales dans le grand final. La précision et le sens des contrastes d’Andris Nelsons, magnifiés par ce formidable écrin qu’est la Philharmonie et qui permet de tout entendre, jusqu’à la plus infime intention, firent merveille. Les pupitres de vents et de cuivre du Concertgebouw étaient tout simplement fantastiques ; la précision des cordes (l’unisson sur les pizzicati) impressionnante. Quel orchestre ! Sans surprise, après l’apothéose finale, la salle leur fit un triomphe mérité. Vivement qu’ils reviennent !

PS : j’ai appris le même jour que M. Jean Nouvel intente un procès à la Philharmonie pour que son nom ne soit pas associé à la salle, au prétexte qu’elle n’est pas achevée. Qu’il vienne donc entendre comme elle sonne et quel succès elle remporte auprès de celui pour qui elle a été voulue et qui l’a payée : le public, et il comprendra à quel point les excès auxquels le porte son égo sont ridicules et puérils. La Philharmonie est sans doute sa plus belle réussite, en dissocier son nom pourrait devenir sa plus grande erreur.