mardi 13 septembre 2016

Ouverture majeure! | Diana Damrau, Kirill Petrenko et le BSO au TCE

Enfin, c'était hier le début de ma saison! Programme atypique pour moi: du Wagner, du Tchaïkovski et quand même un peu de musique vocale avec les Quatre Derniers Lieder de Strauss. Mais je n'aurais pour rien au monde raté l'occasion de voir diriger Kirill Petrenko à la tête de son Orcheste d'État de Bavière!

Et que j'ai bien fait! Quel chef! Il vous emporte dans la musique, vous donne l'impression que vous comprenez tout, c'est absolument enthousiasmant! Je n'avais jamais autant vibré en écoutant l'ouverture des Maîtres Chanteurs. Wagner comme ça, c'est topissime! le concert commençait donc très bien. Malheureusement mon enthousiasme est un peu retombé avec l'entrée en scène de Diana Damrau (en total look Barbie soprano, robe rose et escarpins à paillettes compris). Là où je m'attendais à l'extase, je n'ai ressenti qu'un ennui poli. Certes, l'orchestre était planant à souhait, suave et miroitant, mais hélas un peu fort, couvrant la chanteuse dès qu'elle n'était pas dans l'aigu. Bon, j'avoue que la voix de Damrau n'est de toutes façons pas celle que j'attends dans ces Lieder. J'y aime des voix plus larges et plus chaudes, comme celle de Mattila. Mais en plus, j'ai trouvé la soprano prosaïque et appliquée, jamais réellement en communion avec l'orchestre. Là où j'attendais de l'abandon, j'ai eu un chant léché, si propre que je l'ai trouvé sans âme. J'ai donc été déçue, comme je le suis souvent hélas avec cette chanteuse, dès lors qu'elle s'aventure hors de la pyrotechnie.

Mais heureusement, après l'entracte on est retourné dans les hautes sphères du prélude! La grande ignare que je suis en musique symphonique dès qu'on sort de Beethoven, Schubert, Schumann et du répertoire français a donc pour la première fois entendu la 5e symphonie de Tchaïkovski. Une grande claque. Quelle merveille quand c'est joué et dirigé comme ça! Le BSO a une pâte extraordinaire. Ces cordes charnues, ces timbales sismiques, ces cuivres qui éclatent,  c'est impressionnant. Et quels pupitres de bois! Les quatres solistes ont été épatants lors des nombreuses occasions qu'ils avaient de se mettre en valeur. Et la communion de Petrenko avec ses troupes est un plaisir à voir à entendre.

Devant l'ovation du public, le chef nous a en plus gratifiés en bis d'une hyper virtuose ouverture de Rousslan et Ludmila de Glinka (merci à Gilles Lesur pour l'info), achevant de montrer pourquoi, même nommé à la tête des Berliner, il souhaite conserver son poste au BSO. Quand on a un instrument pareil, qui réagit à la moindre impulsion, on le garde!

Bref, j'ai rejoint officiellement depuis hier soir le club des fans hystériques de Kiriiiiil, et je suis ravie de retourner au TCE que j'avais la saison dernière un peu délaissé au profit de la Philharmonie. Vivement la prochaine fois!

dimanche 11 septembre 2016

Glorieuse Anna! | Anna Netrebko : Verismo

Je n'achète pas souvent de CDs de récitals. En général, je m'y ennuie. Le "début recital" de Netrebko, qui est le seul de cette artiste que je possède et qui a bien 15 ans, ne fait pas exception. Seulement voilà, à l'ère d'iTunes et de Spotify, les extraits publiés avant la sortie du CD (la Wally, la Mamma Morta) m'avaient impressionnée et donné envie d'entendre tout le disque.

Et bien, je ne regrette pas mon acquisition. Dans ce répertoire, plus ou moins justement qualifié de "vériste", Anna Netrebko est tout simplement glorieuse. La voix s'épanouit sur toute la tessiture: graves sonores, médium d'une rondeur et d'une richesse de couleurs à tomber, et toujours cet aigu lumineux, rond, qui flotte ou cingle apparemment sans aucun effort. C'est sidérant. La ligne est superbe, la respiration précise (sans doute l'effet Pappano, dont on connaît la rigueur), l'intonation impeccable (l'intonation haute est le péché mignon de Netrebko). Seule la prononciation pourrait être plus nette, mais aujourd'hui, hormis les italiennes, qui a une diction digne de ce nom dans ce répertoire ?

Voilà pour la technique, absolument superlative. Mais ce qui fait que ce récital est un succès, c'est que l'interprétation est là aussi au niveau. Je vous épargne les vaines comparaisons avec ses devancières. On ne va pas passer notre vie à invoquer les mânes de Callas. Netrebko est une artiste suffisamment notable pour qu'on ne la compare qu'à elle-même. Et bien, elle se surpasse ici. Elle sort ses tripes. Sa Mamma Morta est à pleurer (en tous cas sur moi ça marche à tous les coups https://youtu.be/vYJUFtKyuVE), sa Wally aussi (https://youtu.be/9unXavaZwMU). Dans les grandes réussites de ce disque, on rajoutera sa Margherita hallucinée, sa Butterfly sans illusions, sa Tosca d'une parfaite évidence et surtout une formidable et inattendue Turandot, bien secondée par Monsieur (Yusif Eyvazof). Sa princesse de gel et de feu donne envie d'une intégrale, même si je doute qu'elle osera le rôle sur scène. Le disque se termine sur le final de Manon Lescaut (toujours avec Monsieur, pas mal même si je ne suis pas fan de son timbre un peu métallique), rôle qu'elle a déjà à son répertoire et qui nous fait rêver qu'elle y inscrive aussi ceux précédemment cités.
On patientera avec ces "teasers", sa prise de rôle dans Tosca est je crois prévue pour 2018 au Met (avec Meli? On a le droit de rêver ses castings, après tout...).