dimanche 8 mai 2016

Come è bello il mio Mario! | Tosca | Teatro Carlo Felice 06/05/2016

La reprise de la Tosca mise en scène par Davide Livermore méritait bien un déplacement pour le week-end dans la cité de Boccanegra, car elle affichait les débuts de Francesco Meli en Cavaradossi.

Cette mise en scène est une excellente occasion de réconcilier les anciens et les modernes. Fidèle à la lettre du livret, sauf pour une petite transgression dans l'ultime scène, elle prouve qu'on peut, grâce à un dispositif scénique innovant, être à la fois traditionnel et actuel. Le grand plateau triangulaire tourne sur lui même, variant les plans scéniques, illustrant les rapports de force en jouant sur les positions verticales des personnages, juxtaposant les scènes (la salle de torture, brièvement entrevue, la chapelle Attavanti...). Un travail d'orfèvre, très cinématographique, qui sert le livret, ne perd jamais le spectateur en route, évite tout sentiment de statisme. C'est totalement Tosca, mais dépoussiéré. S'y rajoutent de très belles lumières et de beaux costumes Empire, une vraie réussite.

Côté orchestre, Dimitri Jurowski tient bien ses troupes, sait ménager ses effets et aider ses chanteurs, même s'il n'évite pas quelques lourdeurs deci-delà. Les choeurs réussissent bien le Te Deum, spectaculaire et embrumé d'encens, et le petit berger du 3e acte ne mérite que des éloges pour la justesse de sa voix et tout le coeur qu'il a mis dans son air. Beaux comprimari, surtout le sacristain, drôle à souhait et très bien joué.

Passons au trio des protagonistes principaux. Je n'ai pas été totalement convaincue par le Scarpia d'Angelo Veccia, dont la voix est belle mais qui à mon sens manque un peu d'autorité et de méchanceté.

Par contre, très belle prestation d'Amarilli Nizza dans le rôle titre: présence scénique, silhouette de rêve, puissance et surtout un engagement émotionnel de chaque instant, elle est poignante et emporte l'adhésion tant elle est son personnage. Beaucoup d'émotion et de ferveur dans son Vissi d'arte. Une bien belle Tosca, à tous points de vue.

Je terminerai bien évidemment par celui que j'étais venue entendre. Francesco Meli fait des débuts enthousiasmants en Mario. Il est tout simplement magnifique. Lumière du timbre, puissance, ne sacrifiant jamais à l'effet mais dessinant un Mario à la fois tendre et viril par les seules nuances et couleurs... une leçon de chant puccinien, débarrassé de tout vérisme. Cela donne un Recondita armonia d'une douceur inouïe, des Vittoria sonores et surtout un E lucevan le stelle si poétique et poignant qu'il suscite une ovation et... un bis! Bon, je n'aime pas qu'on bisse cet air car cela interrompt l'action, mais je n'ai pas boudé mon plaisir. Et comme Amarilli Nizza n'a pas oublié de faire son entrée, pas de problème. On ne saurait reprocher au plus grand ténor italien actuel d'être prophète en son pays et en sa ville!

De quoi s'écrier, comme Tosca: "Come è bello il mio Mario!" et regretter, une fois encore, l'absence de Francesco Meli sur nos scènes parisiennes dans les 2 ans qui viennent... tant pis pour nous, et tant mieux pour les génois!

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