dimanche 11 septembre 2016

Glorieuse Anna! | Anna Netrebko : Verismo

Je n'achète pas souvent de CDs de récitals. En général, je m'y ennuie. Le "début recital" de Netrebko, qui est le seul de cette artiste que je possède et qui a bien 15 ans, ne fait pas exception. Seulement voilà, à l'ère d'iTunes et de Spotify, les extraits publiés avant la sortie du CD (la Wally, la Mamma Morta) m'avaient impressionnée et donné envie d'entendre tout le disque.

Et bien, je ne regrette pas mon acquisition. Dans ce répertoire, plus ou moins justement qualifié de "vériste", Anna Netrebko est tout simplement glorieuse. La voix s'épanouit sur toute la tessiture: graves sonores, médium d'une rondeur et d'une richesse de couleurs à tomber, et toujours cet aigu lumineux, rond, qui flotte ou cingle apparemment sans aucun effort. C'est sidérant. La ligne est superbe, la respiration précise (sans doute l'effet Pappano, dont on connaît la rigueur), l'intonation impeccable (l'intonation haute est le péché mignon de Netrebko). Seule la prononciation pourrait être plus nette, mais aujourd'hui, hormis les italiennes, qui a une diction digne de ce nom dans ce répertoire ?

Voilà pour la technique, absolument superlative. Mais ce qui fait que ce récital est un succès, c'est que l'interprétation est là aussi au niveau. Je vous épargne les vaines comparaisons avec ses devancières. On ne va pas passer notre vie à invoquer les mânes de Callas. Netrebko est une artiste suffisamment notable pour qu'on ne la compare qu'à elle-même. Et bien, elle se surpasse ici. Elle sort ses tripes. Sa Mamma Morta est à pleurer (en tous cas sur moi ça marche à tous les coups https://youtu.be/vYJUFtKyuVE), sa Wally aussi (https://youtu.be/9unXavaZwMU). Dans les grandes réussites de ce disque, on rajoutera sa Margherita hallucinée, sa Butterfly sans illusions, sa Tosca d'une parfaite évidence et surtout une formidable et inattendue Turandot, bien secondée par Monsieur (Yusif Eyvazof). Sa princesse de gel et de feu donne envie d'une intégrale, même si je doute qu'elle osera le rôle sur scène. Le disque se termine sur le final de Manon Lescaut (toujours avec Monsieur, pas mal même si je ne suis pas fan de son timbre un peu métallique), rôle qu'elle a déjà à son répertoire et qui nous fait rêver qu'elle y inscrive aussi ceux précédemment cités.
On patientera avec ces "teasers", sa prise de rôle dans Tosca est je crois prévue pour 2018 au Met (avec Meli? On a le droit de rêver ses castings, après tout...).

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