dimanche 5 juin 2016

Chères images | Simon Boccanegra, Wiener Staatsoper, live-stream 04/06/2016

Hier, j'ai pour la première fois payé pour un live-stream sur ma tablette. Et bien ce sera sans doute la dernière. Le streaming, quand c'est gratuit, c'est pratique pour ceux qui ne peuvent pas aller voir toutes les représentations qui les font rêver. Ce n'est qu'un pis-aller, mais bon, quand c'est gratuit on ne râle pas. Mais là, 15 euros pour quelque chose d'aussi médiocre visuellement que ce Boccanegra que proposait hier le Wiener Staatsoper, franchement c'est abuser. Mieux vaut la radio!

En effet, j'ai rarement vu une production aussi indigente que cette reprise d'une mise en scène de Peter Stein. Costumes hideux et peu seyants, lumières nulles, décors au rabais avec force rideaux qui s'ouvrent et se ferment, zéro direction d'acteurs, pas d'idées et... pas de mer! Le comble pour une oeuvre aussi liée à la mer ligure que Boccanegra! Oser proposer ce machin en streaming payant, franchement! En plus, l'orchestre joue beaucoup trop fort et les choeurs sont aux fraises... que de départs ratés dans la scène de la salle du trône! Indigne de Vienne. Alors que reste-t-il pour justifier ce prix? Eventuellement le cast, qui semblait prometteur sur le papier.

Le Doge de Hvrostrovsky ne m'a pas convaincue. Le style n'est pas verdien, il chante tout pareil et l'incarnation est absente. Je ne parlerai pas de la voix, fatiguée, car il est de notoriété publique qu'il a de gros soucis de santé et c'est tout à son honneur d'assurer autant malgré cela, mais côté interprétation, c'est sans intérêt. Tout le contraire du Fiesco de Furlanetto, noble, déchiré, superbe vocalement: la véritable statue du commandeur de Simon. Je suis d'autant plus convaincue d'aller l'écouter en Filippo II à la Scala l'an prochain.

Superbe également, mais ce n'est pas nouveau, le Gabriele Adorno de Francesco Meli, le meilleur depuis Carreras. Ligne, timbre, classe, il en impose... notamment côté volume: il a du mal à ne pas écraser le Doge et sa fille dans les ensembles, mais passe facilement la rampe et l'orchestre. Hélas pour lui, il est empêtré dans un costume fort laid et bien peu flatteur pour la silhouette et livré à lui même côté jeu d'acteur.

La vraie mauvaise surprise du cast, c'est l'Amelia de Barbara Frittoli, qui se bat avec des registres désormais totalement désunis, crie ses aigus, tube son grave et cherche en vain à masquer les trous dans sa tessiture. C'est dommage car le timbre reste beau et l'artiste intègre et attachante. Mais un Boccanegra sans Amelia...
Je finirai par une mention pour le très beau Paolo de Plachetka, un futur grand qu'on a hâte d'entendre dans un premier rôle.

En bref, une production de routine qui ne justifie en rien le prix demandé pour la voir sur une tablette. Si le Wiener Staatsoper veut faire payer, qu'il en donne aux spectateurs pour leur argent!

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