lundi 13 juin 2016

Mariaaaaaaaa! | Traviata | Opéra de Paris 11/06/2016

Il est des soirées où on assiste à des miracles. Samedi soir, à l'Opéra de Paris, c'en était une. Car ce soir-là, sur la scène de Bastille, on a pu entendre la Violetta de Maria Agresta. Et elle tient du miracle. Souffle infini, rondeur du timbre, ligne divine, aigu triomphant, toutes les qualités de cette merveilleuse chanteuse mises au service d'une extraordinaire incarnation. De bout en bout, elle EST la Traviata. Dans la parole, extraordinairement vraie, dans les gestes, si naturels, dans l'émotion, immense. La plus belle Violetta qu'il m'ait été donné d'entendre. Son duo du 2e acte avec Germont père fut un moment de grâce que je ne suis pas prête d'oublier : tant de vérité, de justesse dans les sentiments, j'en suis encore remuée. Alors merci, merci, Maria Agresta, pour tout ce que vous nous avez donné ce soir-là.

Et merci également au merveilleux chef verdien qu'est Michele Mariotti. En communion avec sa chanteuse, il tire de l'orchestre de l'ONP des couleurs, des transparences inouies. On entend des détails que l'on n'avait jamais entendus! Et puis, ces mains... c'est bien la première fois que je passe autant de temps à regarder le chef plutôt que la scène.
Il faut dire que la mise en scène de Benoît Jacquot est un ratage: anodine, statique jusqu'à l'ennui, sans idées à part la référence à l'Olympia de Manet et au lit de la Pavia, et surtout sans la plus petite once de direction d'acteurs! Ces choeurs en rang d'oignons... Vergogna! Quand je pense qu'on a rangé dans les cartons l'extraordinaire Traviata de Marthaler...

Belle prestation de Bryan Hymel en Alfredo, qui se sort très élégamment d'un rôle que l'héroïsme de sa voix ne lui rend à mon avis pas intrinsèquement naturel et nous gratifie d'un superbe contre-ut à la fin de sa cabalette. Cet Alfredo, dont le côté fruste va avec le personnage de jeune provincial monté à Paris, sait en outre émouvoir dans la grande scène du 2, où ses remords sont déchirants.

Enfin, Željko Lučić en Germont Père est, comme toujours, très bien chantant s'il n'est pas excessivement sonore, tout en noblesse et en nuances châtiées. En plus, on lui a restitué la cabalette de Di Provenza, inexplicablement retirée à Tézier lors de la 1ère édition. J'en serais presque consolée d'avoir dû rater Simone Piazzola que je devais entendre au départ avant d'être forcée de modifier mes dates.

Bref, à défaut d'une soirée de théâtre, une grande et belle soirée de chant que je ne suis pas prête d'oublier. Et pour vous en donner un écho, le "Libiamo" de Bryan Hymel et Maria Agresta peut s'écouter ici https://youtu.be/53i7E_hWQCQ

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire