dimanche 10 juin 2018

Ernani (involami!) - Opéra de Marseille | 10.06.2018

Cela faisait un moment que je n'avais pas écrit un post de blog. Manque de temps, manque de motivation... je m'y remets, portée par l'enthousiasme d'une fabuleuse après-midi marseillaise, mais en version brève car ma pile de boulot m'attend.

La première chose à dire de cet Ernani phocéen c'est que son cast est aujourd'hui difficilement égalable. Le premier Verdi ne souffre pas la médiocrité: il faut des voix. Quand on les a, tout va, même si la mise en scène est juste une mise en tableaux sans éclairages (je ne la commenterai pas, puisque pas vue dans son intégralité).

Et puis quel bonheur d'être, pour un prix raisonnable, si près des chanteurs et dans un théâtre qui a une réelle acoustique! J'en ai pris plein les oreilles! Ca me change de Bastille où je n'arrive jamais à "rentrer dans la performance".

Les voix, donc. Commençons par les graves. Alexander Vinogradov, annoncé souffrant à l'entracte, nous craque un ou deux aigus, mais quels graves! Et une fois débarrassé, pour les 2 derniers actes, de ses ridicules postiches, il campe une sorte de Commandeur terrifiant qui vient annoncer sa mort à Ernani. Superbe.

Que dire du régional de l'étape, Ludovic Tézier, sinon qu'il était parfait en Don Carlo (Quinto)? Autorité vocale et scénique, timbre, phrasés, puissance... depuis des lustres ce rôle n'a pas été interprété avec autant d'évidence. Justement ovationné aux saluts.

Le rôle titre était bien sûr tenu par mon ténor préféré... et je ne suis pas prête d'en changer. Dès la première note de la cavatine on sait que Francesco Meli est dans un bon jour: lumière du timbre, aigus glorieux, diction à tomber, ligne vocale parfaite, demi-teintes... le premier Verdi, encore très belcantiste, lui va toujours comme un gant. Personne aujourd'hui ne chante ça comme lui. Même la présence scénique souffre moins qu'à l'ordinaire, car le rôle est cher à son coeur et il y met une ardeur juvénile, même si la gestuelle est convenue (c'est assez général dans cette mise en scène). Meli est une sorte de "madeleine" pour moi: un ténor avec des accents des années 50, qui me rappelle Bergonzi pour la ligne et Corelli pour le naturel de la diction. Et quand en plus on est à 5 mètres et qu'on voit toutes les émotions sur son visage...

Reste la prima donna : Hui He. Quand on ne la met pas dans des circonstances impossibles (remplacer Netrebko au pied levé à Bastille), elle est très bien. Voix ample, chaleureuse, homogène sur toute la tessiture, elle distille beaucoup d'émotion, notamment au tableau final. Dommage qu'elle soit toujours un peu figée, mais franchement elle tenait le choc face à ce trio d'hommes de haut vol. Rien que pour ça, chapeau bas.

Orchestre dirigé avec verve par Foster, même si parfois des accélérations subites mettent le choeur, au demeurant superbe, en difficulté. Ceci dit, la joie des musiciens à jouer fait plaisir à voir.

Et on les comprend. La joie, c'est le sentiment principal que je garderai de cette représentation. Encore une fois: Viva Verdi!


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