mercredi 10 juin 2015

Hommage au chant grégorien à la Philharmonie (8 juin 2015)

Soirée hommage au chant grégorien lundi dernier dans une Philharmonie 2 hélas à moitié vide... Certes, Murray Perahia jouait dans la grande salle, mais rien que pour le RIAS Kammerchor ce concert était largement aussi intéressant! Laurence Equilbey, présente dans la salle, ne s'y était, elle, pas trompée.

Le choeur et l'orchestre (le Münchner Kammerorchester) s'échauffent avec le Geistliches Lied de Brahms, oeuvre de jeunesse qui porte en elle les prémices du Requiem Allemand.

Puis arrive le 1er volet de ce dyptique hommage au chant grégorien, avec la création française de Disputatio, oeuvre commandée par le RIAS Kammerchor à Pascal Dusapin (et créée mondialement 2 jours plus tôt à la Philharmonie de Berlin). Sur un texte du grand pédagogue médiéval Alcuin, le compositeur a mis en musique le dialogue entre le jeune prince Pépin, second fils de Charlemagne, et son maître Albinus. Le jeune prince est campé par un petit choeur d'enfants ou de voix blanches -- ce soir-là trois merveilleuses jeunes filles, d'une justesse, d'une couleur et d'une rondeur de timbre proprements hallucinantes. Lui répond le choeur, incarnant maître Albinus. L'occasion pour le RIAS Kammerchor de montrer toute sa palette technique, et elle est impressionnante! L'orchestre, qui comprend notamment des cloches plaques, parfois ponctue et parfois participe au sentiment d'étrangeté, via un glassharmonica, surprenant instrument qui fait tourner des disques de verre. La musique, certes cérébrale mais aussi éminemment sensuelle, de Dusapin colle avec beaucoup de pertinence à la scansion du texte latin. La précision obtenue de tous par le chef Alexander Liebreich en cette soirée est absolument bluffante. Seul le meilleur choeur de chambre du monde pouvait ajouter à son répertoire une oeuvre aussi exigeante. J'émets quand même une réserve : avec une durée de 40 minutes, je trouve l'oeuvre un peu longue. Cela n'a pas empêché Pascal Dusapin (son fils dans les bras) d'être très applaudi aux saluts.

Excès de longueur, voilà bien une chose dont on ne peut se plaindre pour le second volet du dyptique : le Requiem de Duruflé. Pour moi, cette oeuvre géniale (que j'ai souvent chantée comme choriste) passe toujours trop vite! Et surtout quand elle est magnifiée, sublimée par ce merveilleux, ce grandiose RIAS Kammerchor. Ils sont la perfection. Équilibre, couleurs, nuances, précision millimétrée, ils ont tout. Ils m'ont fait pleurer de joie et je ne saurais leur dire assez merci pour ce qui est vocalement le plus beau Requiem de Duruflé que j'aie jamais entendu. Et c'est d'autant plus dommage de n'avoir pu disposer que d'un positif d'orgue au son maigrelet... Et dire qu'il y a de si belles orgues dans l'amphithéâtre, à l'étage du dessous! Quelle idée de les avoir mises là et non dans la salle des concerts! Solistes corrects sans plus, Stephan Genz émouvant mais pauvre en aigu, Stella Doufexis sobre mais avare de legato et au timbre désormais rêche. Belle prestation du Münchner Kammerorchester, mention spéciale aux 3 trompettes spatialisées au balcon droit. Une grande exécution justement ovationnée par les happy few qui étaient dans la salle.

Je ne saurais donc trop vous recommander de courir entendre le RIAS Kammerchor dès que vous en avez l'occasion, avec eux toute oeuvre touche à la divinité.

PS: le président de la Philharmonie était présent pour la création de Disputatio, mais disparut après l'entracte, peut-être pour courir entendre Perahia? En tous cas, il a manqué quelque chose!

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