mercredi 9 décembre 2015

Un ténor et une soprano en or! (Giovanna d'Arco à la Scala, diffusion TV)

Oh joie! Cette année encore la "Prima" scaligère était diffusée, certes en léger différé, sur Arte! J'ai donc pu voir cette Giovanna d'Arco qui marque le retour, tant attendu et tant mérité, de Francesco Meli à la Scala, 10 ans après sa dernière apparition, délai aussi long qu'incompréhensible s'agissant de celui qui incarne, pour moi, le retour du grand style du ténor italien.

J'avais une idée de la fête vocale à laquelle on allait avoir droit, puisque j'ai l'enregistrement de la version salzbourgeoise d'il y a 3 ans. Et je ne peux que me réjouir que les deux principaux protagonistes, Anna Netrebko et son Carlo VII attitré,  aient encore amélioré leurs interprétations. Ils sont splendides. Elle, dont la pâte vocale aussi ronde que lumineuse, se joue de toutes les difficultés d'un rôle qui sollicite toute la palette belcantiste; lui, vibrant, racé, impeccable aussi bien dans le registre héroïque que dans la douceur des duos d'amour. Vraiment une paire de chanteurs en or.

En or au propre autant qu'au figuré, car P. Caurier et M. Leiser n'ont pas lésiné sur le clinquant pour la mise en scène. À commencer par le look "total gold" de Meli, qui lui donne tantôt l'air d'une magnifique statue (et là, qu'il est beau!) et tantôt hélas, au hasard d'un plan malencontreux, d'un droïde de Star Wars. Encore plus mal lotie est Anna Netrebko, qui passe la moitié de l'opéra en chemise de nuit du plus pur style sac de pommes de terre. Une si grande chanteuse mérite mieux, non?
Mais ce n'est pas tant le look de cette production qui m'a gênée, ni le parti-pris de faire de l'ensemble de l'action un délire de psychotique (le livret de Solera tiré de Schiller est de toutes façons bien faiblard), mais plutôt ce côté appuyé, sur-expliqué, de chaque effet de mise en scène, comme si le spectateur était un crétin ayant besoin qu'on lui assène toutes les idées 3 fois pour comprendre... Messieurs les metteurs en scène, votre public a un cerveau, merci de vous en souvenir!

Côté seconds rôles, choeurs et orchestre, c'est impeccable, comme toujours à la Scala, surtout sous la baguette du Maestro Chailly, qui sait magnifier Verdi, même dans une de ses oeuvres mineures.

En conclusion, un retour réussi pour cette Giovanna d'Arco, 150 ans après sa dernière représentation à la Scala, qui méritait bien les 11 minutes de bravos aux saluts!

Photos: Teatro alla Scala

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire